Un soir de juin BAHIA qui voulait faire l’amour était toute heureuse de retrouver, le soir, son chéri. Seulement ALEXANDRE s’était mis à écrire et il en oubliait BAHIA. Lorsqu’il s’en rendit compte il était trop tard, une heure avait passé et BAHIA furieuse s’était couchée dans le lit écoutant de la musique. Montant quatre à quatre l’échelle de la mezzanine ALEXANDRE trouva BAHIA dans sa robe de chambre toute emmitouflée dans les draps. Elle était sur le ventre.  » Casse-toi » lui fit-elle, en lui reprochant de ne jamais penser à elle, de toujours la faire passer au second plan. Non ,il ne l’aimait pas vraiment, il préférait écrire et fumer ! Il était tant, qu’elle le quitte ! ALEXANDRE se fondit en excuses et lui jura qu’il n’adorait qu’elle, mais BAHIA ne voulait pas se retourner, et il continuait leur conversation dans cette étrange position : BAHIA sur le ventre, ALEXANDRE allongé sur son dos, parlant à une moitié de son visage sur lequel roulaient déjà des larmes. ALEXANDRE s’en émut . « Non, ne pleure pas ma chérie , je t’aime et je suis désolé, je n’ai pas voulu te vexer, c’est juste que j’ai commencé à écrire sans voir le temps passer… « . Mais comme ALEXANDRE trouvait la position incongrue , question fatidique il demanda à BAHIA si elle voulait qu’il reste . BAHIA qui ne voulait avouer sa dépendance ne répondit pas. « Je veux que tu changes » lança BAHIA pour seule réponse. Puis elle se plaint du poid de son compagnon et ALEXANDRE s’allongea à ses cotés , tandis que BAHIA tourna la tête dans sa direction. Là il réussit à lui soutirer un sourire et en profita pour essayer de l’embrasser, baiser qu’esquiva BAHIA en collant sa bouche contre l’oreiller. Qu’à cela ne tienne ALEXANDRE était prêt à tout tenter pour se racheter . Il couvrit son cou d’une écharpe de baisers puis dénuda un de ses seins et commença à le titiller de sa langue, sachant qu’elle adorerait. Pendant cinq minutes il aspira , suça, lécha ses seins et BAHIA commença à mouiller. Par dessus son string il commença donc à l’exciter : BAHIA se cambrait, haletait. De son sein , sa bouche glissa vers ses lèvres à elle , lesquelles s’ouvrirent pour laisser s’entrechoquer les langues en un balai frénétique. Tandis que la main d’ALEXANDRE s’était posée sur les poils pubiens et que ses doigts avaient pénétré à l’intérieur des lèvres. Les deux étaient très émoustillés. Le majeur d’ALEXANDRE effectuait de rapides allées et venues entre le clitoris et le bas du vagin pour susciter l’excitation, BAHIA haletait de jouissance et sa main à elle vint guider violemment la main d’ALEXANDRE lorsqu’elle fut au comble de l’excitation. Quant elle jouit lançant trois soupir long et un râle , en se cabrant,le corps raidit par une vibration d’une intensité inouïe, ALEXANDRE se précipita sur elle et l’enfourcha sauvagement. Il jouit presque aussitôt sans doutes trop excité. Comme ils pratiquaient le coït interruptus qui consiste à éjaculer en dehors de la matrice, comme seul moyen de contraception depuis cinq ans, ALEXANDRE ne prêta attention à ce qui venait réellement de se passer; il était resté un chouia trop longtemps à l’intérieur d’elle. C’est ainsi qu’une poignée de spermatozoïdes vivaces et mobiles furent projetés dans le cul de sac vaginal postérieur. Que des centaines , grâce au mouvements hélicoïdaux de leur flagelle, et grâce à l’attraction chimiotactique, du col de l’utérus , montèrent dans la cavité utérine et le lendemain ils atteignirent les trompes de Fallope.  Au bout de quatre jours, le temps qu’un ovule vienne à maturité  et sans que BAHIA le ressentit ni qu’ALEXANDRE s’en doute , un spermatozoïde parmi la centaine qui l’encerclaient pénétra dans l’ovule, alors commença la segmentation de l’oeuf et la formation de l’embryon pu débuter : BAHIA était enceinte pour de bon.

A la fin du premier mois, BAHIA s’inquiéta à peine de n’avoir pas eu ses règles, elle qui avait des menstruations non régulières, cela lui était déjà arrivé de ne pas les avoir… Ce n’est que le deuxième mois que le doute s’installa en elle. Dans son ventre l’embryon mesurait 3 cm et pesait pas loin de 10 grammes, et ses testicules étaient différenciées. Lorsque BAHIA fit une prise de sang pour s’en assurer elle croyait être enceinte, prise qu’elle était de nausées incompréhensibles autrement . Mais en lisant le test , elle crut défaillir : elle était bien enceinte ! Qui plus est de plusieurs semaines ! Mille pensées lui vinrent en tête à mesure qu’elle rentrait chez elle . Qu’allait elle faire ? Qu’allait dire ALEXANDRE ? Et ses parents comment prendraient -ils la nouvelle ? Puis les sentiments contradictoires se bousculaient en elle : elle le voulait ! Elle ne le voulait pas ! Bientôt se furent des larmes chaudes qui coulèrent sur ses joues tant elle était en panique. Arrivée à la maison elle appela ALEXANDRE sur le  portable qu’il venait d’acquérir . Il était parti jouer au tennis avec un collègue de la Poste. Il décrocha :  » allo ? – ALEXANDRE, écoute moi bien, il faut que tu reviennes tout de suite , je suis enceinte – quoi ? – je suis enceinte, je te dis , je viens d’avoir les résultats – ok, je reviens dans deux heures… » Puis ALEXANDRE se ravisa et considéra que sa tendre avait besoin de soutien, aussi, une demi-heure après il débarquait chez eux . Quand il la vit BAHIA pleurait encore; il la serra tendrement dans ses bras, puis s’écarta. Sa décision était prise  » il faut que tu avortes  » dit-il seulement; Elle d’acquiescer. Aussitôt , ils décrochèrent le téléphone et composèrent le numéro du premier hôpital qu’il trouvaient. On leur indiqua un numéro spécial. Ils appelèrent ; au téléphone, un voix d’un certain âge leur répondit. Elle leur demanda leurs ages, leur nationalités, leurs profession, si c’était leur première IVG, tout cela , pour les statistiques. Puis leur proposa différents centres, de l’hôpital à la clinique située dans les environs. Ils choisirent une clinique située proche de Clamart, comme ALEXANDRE la connaissait, prirent rendez-vous et la semaine suivante se rendaient à la consultation.

Avant d’y aller, ALEXANDRE qui ne l’avait pas revue depuis des semaines, ELZA ayant dû se résigner à ce qu’ils se fréquentent moins pour amoindrir les assauts d’ALEXANDRE, ne parut pas surprise et regretta qu’ils aient décidés d’avorter. Nous n’avons pas les moyens d’avoir un enfant maintenant je suis en contrat-emploi- solidarité, je suis en CES lui fit remarquer ALEXANDRE. Et bien moi aussi je suis enceinte dit ELZA, et de quatre mois !!!! Je la sens bouger dans mon ventre, c’est extraordinaire !!! Le père ? Et bien c’est un Ibissenco que j’ai rencontré sur la plage, avec qui j’ai eu une petite aventure. Un jour la capote a craquée et hop ! , trois mois après je m’en suis souvenu, en apprenant que j’allais être mère. Ne trouves tu pas cela merveilleux ? … Et lui ?  Et bien avec lui c’est fini, il m’a laissé tombé quand je suis partie. De toutes façons il n’aurait jamais assumé, et moi l’avortement, tu sais, très peu pour Moi !!! Le plus extraordinaire dans l’histoire, c’est que depuis j’ai parlé avec Julie… Notre besoin d’être mère… les années qui passent… Le Bonheur de porter un enfant… Et figure toi que ma soeur il y a un mois, après avoir décidée d’abandonner la pilule avec son nouvel ami, est tombée elle aussi enceinte. Paul ? le pauvre il se trouve toujours être en convalescence. Il souffre beaucoup. Mais quand il a appris la nouvelle, Il a bondit de joie pour moi. Il était aux anges quand ce fut le tour d’Emilie. Nous allons toutes les deux avoir des filles , Je l’espère. Non mais tu te rends compte ???? Je me rends compte que toi tu vas l’élever seule , dit simplement ALEXANDRE. Et tes études ? Pour cette année ça va , je passe enfin en maîtrise. Et l’année prochaine j’aurai moins d’heures de cours. Alors j’irai en FAC tant que je pourrai puis j’accoucherai et tant pis si je n’ai pas le temps de faire mon mémoire …. du moins j’essayerai et s’il me faut aussi deux ans et bien ce sera deux ans. Ma fille d’abord. L’année suivante je la confierai à une nourrisse et j’en finirai avec mon Doctorat, je serai enfin Psychologue  » … Et en effet il en fut ainsi, ELZA devint psychologue deux ans après.

Lors de leur consultation ALEXANDRE et BAHIA rencontrèrent un médecin aux tempes grisonnante et à l’air affable, qui leur dit que BAHIA était à sa 8ème semaine de grossesse, leur montra l’embryon sur le moniteur et les informa du prix de l’intervention et de son déroulement. Sa consultation fut facturée à 600 francs, à quoi s’ajouta les 500 francs de la consultation de l’anesthésiste et l’IVG couterait 2000 francs que bien sûr, ils n’avaient pas. Mais ils partirent rassurés eux qui croyaient que dans leur malheur, il avait dépassé le délai légal d’interruption de grossesse, en ce temps là de douze semaines. Maintenant comment allaient-ils trouver l’argent ? Son frère ne voudrait pas. Son père ne pouvait pas. Ne restait que la mère de BAHIA, peut-être voudrait-Elle faire quelque chose ? D’autant que depuis que leur couple avait été en péril BAHIA revoyait sa mère. Celle-ci hurla littéralement après Bahia. BAHIA n’était qu’une moins que rien, une traînée ! Une petite chaudasse dévergondée !!!! Décidément, elle lui aurait fait tout subir. Et patati et patata, jusqu’à ce que la mère accepte de financer la moitié de l’opération. Pour l’autre moitié, ALEXANDRE trouva un Accord avec sa banquière.

Le jour de l’intervention, BAHIA fut enjoint de revétir une sorte de blouse bleue, sous laquelle elle était nue, tandis qu’on la fit patienter dans une pièce où se massèrent 4 autres candidates à l’avortement. ALEXANDRE la quitta au moment , vers onze heures, où on vint la chercher. BAHIA se retrouva dans un petit bloc avec deux infirmière et deux médecins, tous en blouse verte avec un masque sur la bouche. Avant d’injecter le produit, l’anesthésiste lui caressa le front et lui dit que tout allait bien se passer. Elle s’endormit sur une table d’opération, les jambes écartée. Quand l’intervention commença l’obstétricien plaça une pompe dans son vagin et l’Embryon dont s’était développé des cavités cardiaque, un début d’oeil, et la différenciation de l’oreille interne, fut aspiré et broyé par la manoeuvre. BAHIA se réveilla une heure après avec des douleurs dans le bas ventre et l’impression d’avoir été violée par un camionneur. Sur le coup de quatre heures ALEXANDRE revint et Ils fondirent en larmes en se revoyant… .

Durant les mois qui suivirent leur sexualité en fut toute troublée. BAHIA ne voulait plus qu’ALEXANDRE la pénètre et sinon jamais sans capotes. Puis la prèvenance d’ALEXANDRE officia  et ils refirent l’amour comme avant. Ils entraient alors dans leur sixième année de vie commune et s’aimaient d’un Amour mûr. ALEXANDRE avait renoncé à voir ailleurs, et BAHIA à revoir OLIVIER, elle avait choisie. La septième année,ils se marièrent et l’année suivante conçurent leur deuxième enfant, un garçon qu’Ils prénommèrent : PATRICK.

                                        EPILOGUE :

Voilà LOULOU, LEA ,LUCIAS, LUCIOS, LUCIE, cette fiction s’est terminée en 7 jours, et tu as maintenant 6 ans et des poussières d’Anges, presque l’âge de raison. Le miel , ANGE, contrarié dérange qui n’a jamais vu l’Amour de Son père et de Sa mère s’incarner dans les propres limites de son ETRE, au point de croire qu’Il maintient Notre forme comme l’EAU ou un GAZ dans un de ces ballons en plastiques qui vous ont fait si peur à toi et ton frère, la dernière fois que je vous ai vus…

Donc PAUL en ce 30 JUIon 2020 , voilà ta soeur a eu 18 ans , tu sais qu’à cette heure ceci n’est qu’une fiction . Donc Paul c’est bien la moitié de l’amitié et la moitié de l’amour qu’il faut trouver réuni chez une même Personne pour que La relation soit de Diamant… L’Amour dure le temps d’une histoire et doit vraiment coincider avec l’Histoire pour sauver au moins deux ETRES. Ne regrette rien ô grand jamais rien; il y aura lui ou elle il y aura l’amour et il y aura Toi…. Moi et Lui : Dieu.

Paul blague : Il parait que maintenant que les femmes ont appris qu’elles avaient le deuxième sexe qu’elles regrettent que les hommes n’en aient qu’un…

                      » l’ Amour est surtout ce que l’on en fait … « 

                                   PATRICK RAKOTOASITERA

Dans l’année qui suivit ELZA repris ses études à la fac, et accepta souvent qu’ ALEXANDRE vint la voir dans son joyeusement désordonné et minuscule studio de la rue de Belleville. Là, ALEXANDRE lui préparait des petits plats de légumes, comme autrefois, ils discutaient des heures entières ; et parfois, il semblait à ALEXANDRE que rien n’avait changé, qu’ils s’aimaient toujours, et certes c’était vrai, ils s’aimaient toujours. Mais ELZA autrement qu’ALEXANDRE ne l’aimait. C’est à dire qu’elle ne le désirait plus.  » oui, c’est étrange,je sais, disait-elle, mais il en va du désir comme de la destinée du monde , ils sont mystérieux , voilà tout ! Et on ne peut rien y faire « .

Certes,ils s’embrassaient encore et se cajolaient longuement, mais chaque fois que l’étreinte devenait plus sexuelle, ELZA se dégageait. Après avoir caressé ses seins, le sexe tendu dans son pantalon, ALEXANDRE échouait toujours à deux doigts des poils pubien. Et ELZA était aussi intraitable qu’ALEXANDRE insistant. Bien souvent cela se terminait en hurlement. ELZA criait contre ALEXANDRE, voir le chassait de chez elle ; mais chaque fois, comme elle l’aimait, elle ne pouvait s’empêchée de l’accueillir à nouveau.

Elle avait besoin de lui, besoin de ses avances qui la flattaient, et un soir, il fallait s’y attendre, parce que particulièrement disposée, elle ne résistât pas.

ALEXANDRE la pris dans ses bras puissants. Elle, soulevée,s’agrippait aux épaules d’ALEXANDRE, ses minces cuisses par dessus les avant bras de son amant, il l’empala,et à la force de ses bras la faisait monter et descendre un long moment, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, jusqu’à ce qu’il tombe dans le fouillis des papiers jonchés sur sa moquette , et que là, il commence à la lécher savamment, sa langue titillant son clithoris, en de rapides coups de langues, qui faisaient se cabrer ELZA. Et lorsqu’elle eut jouit, ALEXANDRE, sitôt après, la darda de son sexe, trop heureux de le sentir en elle, encore une fois. Mais décidément, il était dit que c’était la fin de leur idylle, car les deux autres fois où ELZA consentit à faire l’amour furent les plus pitoyables de la vie d’ALEXANDRE. Il éjaculait vite, ne donnait rien, et ne ressentit pas plus. ELZA qui s’était convaincue qu’ALEXANDRE était un piètre amant, ne voulut plus qu’il la touche à partir de ce moment là. Ce qui fut effectif et mena ALEXANDRE au désespoir. Chaque fois qu’il quittait sa belle. Mais ELZA voulait toujours le revoir. Elle lui donnait des nouvelles de la famille.

JULIE et son mari s’étaient séparés pour cause d’incompatibilité d’humeur. Le frère d’ELZA les tenaient toujours un peu éloignées de sa vie de jet-setteur. PAUL, et c’est ce qui émut le plus ALEXANDRE, allait mal. Durant l’hivers,il eut ce que tout le monde prit pour une grave pneumonie et se révéla être un syndrome infectieux aigu respiratoire causant une altération de son état général. Il faut dire, PAUL avait fumé le cigare plus de trente ans durant. Le benzopyrène présent dans la fumée et les pesticides déposés dans les feuilles de tabac, après avoir franchient la membrane cellulaire, s’étaient fixés sur l’ADN de la cellule pulmonaire, au point de modifier son ADN, et de transmettre cette perturbation à toute sa descendance de cellules.

Ces modifications monstrueuses sur les cellules suivantes, affectaient leur taille, leurs formes et leurs compositions, à un rythme si effréné et anarchique que le tissu cancéreux occupa les espaces interstitiels du poumon droit ; et qu’il faudrait envisager une ablation du poumon.

La nouvelle était donc tombée comme un couperet, jetant dans l’effroi les jumelles, devant tant de malchances. Sa mère d’abord, et maintenant son père que menaçait l’ombre de la nuit éternelle.

Au début du printemps , PAUL subit l’ablation de sa tumeur cancéreuse. Tout le monde craignit pour sa vie, mais l’opération se déroula bien. On pouvait croire qu’il était sauvé même s’il lui faudrait subir de la chimiothérapie. Après , ses séances, durant lesquelles PAUL souffrit de maux de tête, de vomissement, de douleurs lancinantes. Il alla en villégiature dans une maison de repos. Chaque fois qu’ ALEXANDRE voyait ELZA, il prenait des nouvelles de son père. Celui-ci s’en remettait difficilement et il avait beaucoup maigri et vieilli prématurément, mais il tenait le coup… .

Après son retour d’IBIZA, les choses s’étaient plutôt bien passée entre BAHIA et ALEXANDRE, comme au fond d’eux-même, ils s’aimaient toujours, et parce qu’OLIVIER, le rival, avait dû partir en Afrique du Sud, pour un stage d’une durée indéterminée. BAHIA conversait avec lui par lettres, dans lesquelles elles se comparait à l’Anne de Buridan, ne sachant de l’orge ou de l’avoine, quel met il préférait, ce qui le laissa mort de faim. Oui BAHIA aimait deux hommes comme ALEXANDRE aimait deux femmes. Et aucun des deux ne voulaient choisir, les événements allaient leur dicter leur conduite. En attendant BAHIA qui s’était refusée à ALEXANDRE pendant un mois, par jalousie, recommençait à lui faire l’amour de longues heures durant.

Et n’eut été la présence quelque part de leurs rivaux, on eut dit que les deux amants s’étaient remis ensemble pour de bon. ALEXANDRE avait trouvé un contrat-emploi-solidarité à la Poste , où il effectuait du tri, lequel emploi, vu qu’il était aimé et apprécié, allait lui donner l’occasion d’occuper un bureau avec téléphone, ordinateur et tout le toutim , quand pour remplacer un congé maternité, chance lui fut offerte d’occuper un CDD d’assistant commercial. Quand il rentrait, BAHIA qui s’était mise à la cuisine, lui préparait de bons petits plats, fins et légers. Puis ils regardaient un peu la télévision et allaient faire l’amour. SHAFIK, le voisin était toujours de bon conseil pour ALEXANDRE, lui suggérant d’intensifier sa séduction, de multiplier les petites attentions s’il voulait s’attacher les faveurs de sa belle. Tandis que SOUAD enseignait à BAHIA, la tempérance et une certaine forme de soumission pour le bonheur du couple. Soumission à laquelle BAHIA , si sauvage parfois, s’était révélée étrangère.

Bientôt BAHIA ne reçu plus de nouvelles de son amant, et il sembla que l’histoire se termina là. Un soir qu’elle était rentrées après lui, sans qu’il sut jamais pourquoi, sinon à supposer que quelqu’un lui avait titille l’anus, BAHIA s’agenouilla, et elle se mis à quatre patte sur le tapis et demanda à ALEXANDRE de la dépuceler du cul.

Trop ravi, ALEXANDRE s’agenouilla pour lui humecter le pourtour de l’anus avec sa langue, et après avoir introduit un doigt y plongea son sexe. BAHIA qui était bien dans son corps, jouit facilement, et depuis ils pouvaient ajouter cette province du sexe, à l’empire de leurs sens ; ALEXANDRE ne manquant jamais au cour de leurs ébats de la limer par derrière, ce qu’elle aimait toujours bien.

CHAPITRE VIII : La famille d’Elza

Elza avait très vite voulu présenter Alexandre à sa famille. Ainsi au cour d’un diner , légèrement intimidé avait-il rencontré Paul et France, respectivement son père et son amie avec qui il vivait maritalement. Le grand frère d’Elza et de Julie. Et fulvio, un cousin de la famille dont il compris qu’il avait perdu ses parents, et était souvent convié à leurs réunions, pour cela même qu’il n’avait plus sa propre famille.

Paul était superbe avec ses cheveux blancs, ses vestes noires ou ses cols roulés noirs, ses pantalons de flanelle noire aussi, et sa silhouette svelte. Il était aussi gentil qu’il était classe, et qu’est-ce qu’il en jetait ! Sa fortune, il l’avait faite dans l’édition de journaux pour adolescent. Ça avait été dur de perdre sa femme, un déchirement absolu. Mais l’amour de ses enfants aidant, la passion pour son travail facilitant, il avait su se refaire une vie. D’un naturel joyeux autant que taciturne parfois, il appréciait les bonnes tables, les vins fins, et les cigares. Plus que tout et comme le père d’Alexandre, il chérissait la jeunesse, même si elle était par trop bruyante et se précipitait vers la maturité dans l’indiscipline. Cela l’attendrissait. Fait insolite pour un homme d’affaire fortuné comme il l’était : il n’avait pas de voiture, et se déplaçait en métro, en taxi ou en avion, quand il se rendait à Londres dans sa résidence secondaire, dont officiellement il avait fait sa résidence principale pour des raisons fiscales. Il avait accueilli Alexandre par un amical « Ah c’est toi maintenant qui t’occupe de ma fille », espérant que cette fois-ci sa fille était guérie de sa torpeur avec les hommes qu’elle jetait les uns après les autres.

France, sa compagne s’habillait toujours de manière décalée : arborant souvent d’authentiques convers rouges qu’elle pouvait mettre avec n’importe quoi. Elle possédait un magasin de dessus de lit tendance et vendait partout dans le monde. Elle avait deux enfants.

Le grand frère d’Elza et de Julie était un drôle de zigue. Il avait le même âge qu’Alexandre. Mais plus prompt à se débrouiller dans la vie, dès l’âge de 15 ans, il pouvait assurer son autonomie financière en entamant une carrière de numismate. Depuis Elza ignorait l’origine des ressources de son frère, peut-être était-il entretenu par leur père. Il chérissait la liberté de l’oisiveté de son statu de jetsetheure, tout occupé qu’il était à voyager à travers le monde d’une soirée à l’autre. Sinon quand il restait à Paris, il occupait le terrain en squattant les boites branchées, à la recherche de jolie blonde dont il faisait une consommation immodérée, d’après la langue de vipère d’Elza : il faisait la « collection des poids chiches ».

Autrement,il adorait organiser des petites sauteries chez lui qui se terminaient invariablement de la même façon. Il invitait quelques uns de ses amis de confiance et des paires de jolies filles pas farouches et ça commençait. D’abord avec de bons vins qu’il présentait dans des carafes à vins, ensuite venaient ces bons mets destinés à émoustiller les palais, puis le dessert, d’autres alcools plus forts, les même que ceux de l’apéritif ; et chacun prenait une ligne de coke ou un extazy. On mettait le son à fond. On passait dans un autre salon et les couples se formaient. Tout le monde était déchiré, et les coquines en transe, se laissaient retourner sur le piano long, dans la chambre d’ami, sur la table à manger, sur un canapé,bref : partout. Et bientôt les couples se défaisaient. Chacun choisissait un autre partenaire, on reprenait de la drogue et la partouze continuait son train.

Fulvio n’avait pas hérité de la nature festive du frère d’Elza, mais à sa façon il était aussi exubérant. IL y avait un je ne sais quoi dans sa manière de parler qui le distinguait. A l’instar d’un italien ses mains gesticulaient pour souligner les mouvements de sa bouche, et il n’usitait que des mots choisis qui rendaient sa conversation précieuse. Fulvio était philosophe, ou du moins préparait-t-il un doctorat de Philosophie , pour lequel son but avait été de ne pas écrire une seule phrase qui ne fut pas indéchiffrable et augurant une formule scientifique. Ce qui avait parfaitement marché puisqu’il eut la mention très bien.

Lorsqu’Elza le questionna au sujet de ses amours difficiles, Fulvio s’épancha. Il est vrai qu’il n’était pas dragueur et aimait la difficulté. Quand ça dure, quand on se frole du regard ou qu’on se zieute sans se dire qu’on s’aime, quand tout un tas de stratagèmes sont nécessaires pour se rapprocher. Car Fulvio était timide et compliqué. Il lui fallait une femme qui fut brillante et belle, et difficile à conquérir : une princesse en somme. Or, il y avait Marie dans sa vie, ou plutôt dans sa ligne de mire. Marie était en Hypokhâgne. Brillante étudiante, Fulvio désespérait de jamais pouvoir l’intéresser avec son doctorat de Philosophie. Mais tout de même, ils s’étaient parlés et longuement et vivement. Et Fulvio la guettait lorsqu’elle allait en bibliothèque, lui demandait poliment s’il pouvait s’asseoir à ses côtés. Et parfois ils demeuraient silencieux pendant des heures, mais réunis ensemble dans le même intellectuel recueillement, se satisfaisait Fulvio. Pour rien au monde, c’était trop vulgaire, il ne l’aurait invité à passer une soirée avec lui. Non, il fallait un caractère fortuit à leurs entrevues pour que la magie opère. Et à chacune des bonnes remarques, ou brillants discours que Fulvio lui tenait, il se disait qu’il tenait le bon bout. Leur idylle intellectuel durait depuis des mois, et à force de confier le soin de leur rencontre au presque hasard, cela n’avançait pas. Qu’à cela ne tienne ! Fulvio était de plus en plus amoureux : Marie, il devait la mériter…

Tout au long du dîner ils discutaient à bâtons rompus. Chacun donna de ses nouvelles à l’assistance et on parla politique : Israël était leur premier sujet d’inquiétude. Alexandre qui s’émouvait également de la situation Palestinienne  provoqua une polémique qui se termina par un autre verre de vin. Sinon, ils parlèrent de leurs vacances : ils allaient tous se retrouver à Ibiza dans leur villa familiale. Paul dit à Alexandre , peut-être aurait-il encore le bonheur de le revoir là-bas. Ce sur quoi Alexandre,surpris, dit qu’il ne savait pas. En fait, il n’avait pas l’argent pour y aller et cela l’intimidait de se retrouver avec eux si loin. Elza qui était prévenante, lui dit, après le dîner, qu’elle lui payerait le billet d’avion, et que ça lui ferait drôlement plaisir s’il venait. Alexandre réserva sa réponse au lendemain, mais même s’il avait peur , ça le faisait rêver d’imaginer découvrir la mythique île de déperdition. Il dit oui avec une petite réserve.

Le soir venu, rentré dans son petit deux pièces , il découvrit Bahia en pyjama prête à aller se coucher.  » Tu vas bien ?  » lui demanda-t-elle affectueusement.  » Bien mieux », répondit-t-il. Et pour une fois, ils se parlèrent comme deux vieux amants qui se retournent sur leur passé avec compassion. Ils se rappelèrent leur premier grand moment, dans sa petite chambre à lui. Comment il était soucieux de bien faire, comment sans savoir pourquoi, elle s’était donnée à lui dès le premier soir. Et les premières semaines qui suivirent où ils firent l’amour tous les jours.  »  Je ne me lasserais jamais que tu me fasses l’amour » dit-t-elle. « Moi non plus… » répondit-t-il.  » Tu sais je vais partir en vacances avec Elza » ,lui avoua-t-il.  » Ca me rassure, dit-elle , pendant que je partirais de mon côté, je m’inquiétais que tu restes seul », dit-t-elle sans rien révéler de son amant , dont jusqu’à présent elle avait tenu le nom secret.  » Tout est pour le mieux » ajouta Alexandre. « Tout est pour le mieux » confirma Bahia. Et pendant qu’il disait cela, il posa sa main sur la joue de Bahia , et subrepticement, poussé par le souvenir d’années passées à s’aimer passionnément, ils s’embrassèrent.

Alexandre glissa sa main sous son haut et caressa ses seins. Elle se laissa faire et jusqu’à ce que sa main à lui coulisse vers son sexe. Bahia commençait à haleter. Poussé par une excitation à son paroxysme, ils se dévêtirent et regagnèrent leur mezzanine. Là, Bahia se donna comme avant, toujours prompte à balancer ses hanches quand Alexandre la prenait, toujours prompte à crier à mesure qu’il la limait dans tous les sens. Alexandre et Bahia firent l’amour trois fois de suite. La dernière fois, Alexandre pris Bahia en levrette pour qu’à quatre pattes, dans une position où Bahia était légitimement dominée, voir humiliée, celle-ci sente qu’Alexandre pouvait la prendre comme une salope, car il n’y avait que lui et lui seul, à pouvoir lui donner autant de plaisir. Bahia, elle, sentait où Alexandre voulait en venir, et ça la faisait jouir.

 

CHAPITRE VII : Rencontre avec Elza

Alexandre avait les nerfs vrillés de honte et de douleur, et il sentait la dépression l’anéantir. Cet été là, il prit une décision qui allait se révéler providentielle. Pour se faire aider, il se décida à consulter un psychologue, rencontra le fantasque docteur Faurie, aussi bien accoutumé à travailler avec des enfants qu’avec des adultes. Psychiatre en vérité qui avait réussi à s’échapper de l’hôpital psychiatrique et créer une structure autonome. Faurie était drôle, d’une intelligence rare, et Alexandre avait surtout remarqué combien sa stagiaire était des plus troublantes. Depuis, c’est pour elle qui lui faisait du bien, presque plus que pour Faurie qu’Alexandre s’était mis à fréquenter son cabinet.

Le rituel était immuable. Il parlait en tête à tête avec Elza dans le salon d’attente, ensuite venait le tour de Faurie. D’ailleurs Elza se débrouilla pour être en dehors du bureau de Faurie, les deux premières fois où Alexandre s’était présenté au cabinet. Leur rencontre avait été joviale, Elza était très douce, et leur discussion à bâton rompu des plus vive : ils avaient beaucoup de choses à se dire. Et sans qu’il sût très bien à quoi attribuer ce phénomène, au bout de deux séances, Alexandre était tombé amoureux. La troisième fois, Elza ne put se libérer et il dût la voir en présence de Faurie. Celui-ci le savait, et il leur proposa deux minutes de solitude en fin de séance. Alexandre ne put dire que deux mots à Elza : « je t’aime » , elle d’en répondre cinq : « je t’aime moi aussi ».

Par la suite, Elza avait tenu à offrir à Alexandre le livre « totem et tabou » de Freud, arguant qu’il ne le tenait pas assez en estime selon elle. Seulement Alexandre avait oublié le livre dans le cabinet de Faurie, or celui-ci, qui pour l’avoir ouvert et avoir lu la dédicace, ne manqua pas de faire savoir à sa stagiaire combien c’était peu déontologique de laisser à ses patients son numéro de téléphone personnel. Mais Faurie n’avait rien fait pour empêcher Alexandre d’avoir le livre, surveillant seulement la situation du coin de l’œil. Et Elza avait pu revoir Alexandre en dehors du cabinet, la semaine suivante.

Quand ils se virent sur les quais de la Seine où ils s’étaient romantiquement donnés rendez-vous : le cœur d’Alexandre tonnait à nouveau. Il fait chaud, ma peau est moite, et gourmande, j’ai envi de te toucher … fit Elza et elle embrassa Alexandre. Peu après Elza l’invita au restaurant. Comme à leur habitude maintenant, entre deux trois mots tendres, leur conversation portait exclusivement sur la psychologie. Mais en fin de repas Elza se révéla être une petite effrontée dénuée de tout doutes. Elle narra à Alexandre, toute ouïe, l’histoire de sa romance avec son prof de faculté. Après les cours, elle avait pris son courage à deux mains et s’était décidée à inviter au restaurant son prof chéri. Celui-ci à sa plus grande satisfaction avait accepté. Or, à la fin du repas, elle dût lui avouer qu’elle avait également réservé une chambre d’hôtel pour eux deux. Il fut d’abord surpris mais pas effarouché, et l’y suivit. Il la prit violemment dans la chambre … . Comme ils finissaient leurs plats : Elza avoua à Alexandre qu’elle avait également réservé une chambre pour eux dans un hôtel près de là. Alexandre s’en trouva ravi.

Il la déshabilla sur le lit pour constater qu’Elza était d’une finesse de corps rare, avec des seins fins comme de jolis citron et une chatte pas trop dense et très belle. Ils firent l’amour trois heures durant les quelles Elza se livrait pieds et poings liés à son amant, acceptant toutes les poses, toutes les positions, toutes les formes d’amour. Entièrement soumise à son désir.

Elza était plus petite que Bahia. Elle avait un nez busqué rigolo, de fantastiques cils qui lui faisaient de grands yeux, et une bouche superbement lisse : très sociable, son visage savait prendre mille expressions, ses traits mobiles étaient l’outil majeur de son charme dévastateur : elle était jolie Elza.

Ils s’étaient revus le lendemain et le surlendemain. Et chez Faurie. Alexandre ignorait si elle en avait les moyens, mais chaque fois il se laissait inviter à l’hôtel. Puis ce fut la catastrophe pour elle. Elle raconta que Faurie avait voulu savoir ce qui se passait, et elle n’avait pu lui mentir, d’ailleurs il avait deviné le pire. Un passage à l’acte consommé, une transgression qui ne semblait jamais avoir été prise en compte, en somme. Faurie la congédia de son stage et refusa de le valider. Par amour pour Alexandre, Elza venait de redoubler son année. Elle ne lui en tint pas rigueur. Au contraire, lorsqu’elle le revit, elle s’agenouilla et lui dégrafa le pantalon, prit son sexe dans sa bouche et suça. Décontenancé Alexandre ne voulut pas lui souiller la bouche…

Elza était lascive, caressante et enveloppante. Il la désirait. Elza voulait l’accueillir en elle. Elle adorait ses mains sur son corps. Ils se chuchotaient des choses pendant qu’il la fourrait. « Tu demeures mes songes, mes plus douces pensées, mes caresses les plus renversantes, mes baisers les plus langoureux. » Ils étaient parcourus par des vibrations volcaniques à chaque fois que son sexe entrait dans sa vulve. Leurs étreintes étaient orgasmiques. Quand c’était fini, Elza disait, j’ai encore envi de toi. Je suis incandescente, attention !

Alexandre avait une haute opinion de sa maîtresse. Depuis qu’elle était libre de toutes obligations universitaires, ils se voyaient tous les jours. Alexandre était libre de ses mouvements : Bahia, elle, ne demandait plus jamais avec qui il passait ses après-midi et maintenant ses nuits. Bahia avait son Olivier , Alexandre son Elza. Tout paraissait facile. Ils ne cessaient jamais de discuter. Elza voulait tout savoir. Alexandre qui avait besoin de parler lui raconta tout sur tout. Depuis son enfance jusqu’à la situation actuelle. Il finit par apprécier mieux se confier à elle qu’à Faurie. Ils discutaient ensemble comme deux roues d’une même locomotive, indissociablement complices, et engagé d’un même élan vers une quête commune. En réalité Alexandre cessa de voir Faurie pour passer encore plus de temps avec Elza. Elza se livrait moins, mais elle agissait et d’abord voulut-elle lui présenter sa sœur jumelle, Julie.

Julie trouva Alexandre un des types les moins bizarre que sa sœur avait pris l’habitude de lui présenter depuis une éternité. Elle le trouva beau gosse aussi et aima sa conversation. Julie était légèrement plus épaisse, plus forte, plus matérialiste que sa sœur. Plus pragmatique qu’elle, moins rêveuse, elle avait créé une start-up avec son mari. Depuis peu, ils n’étaient plus en perte et gagnaient 12 000 francs par jour, ce qui augurait un bon début. Julie si elle avait semble-t-il les pieds mieux arrimés au sol que sa sœur, ne semblait pas pour autant être la dominante. C’est bien Elza qui l’incitait à découvrir de nouvelles choses. Elle qui avait eu son premier copain avant elle. Elle avait aussi perdu sa virginité avant elle. Car Elza plus que Julie était non pas attirée mais littéralement happée par l’inconnu, quand Julie n’était rassurée que par la matérialité du quotidien. Un évènement avait rapproché inconsciemment les deux sœurs et Alexandre. Ils étaient tous les trois orphelin de mère. Or leurs mamans respectives étaient mortes d’un cancer. De constater cette déchirure commune dans leur enfance, rapprocha ostensiblement Alexandre d’Elza et de Julie, aimantés qu’ils étaient par la force et le poids d’un même secret.

Julie disait : j’aime la raison du plus fort, je choisis toujours le camp du plus fort, pas toi ? Non. Tiens, Elza est comme toi ! Elle va vers le malade, le froid, et le sans espoir ! Bien souvent… Et elle n’écoute les conseils de personne ! Elle est avide de sa propre expérience. Tant qu’on lui dit que ça brûle, si elle n’a pas touché, au risque de se brûler, elle ne croit pas à ce qu’on dit de prime abord. Elza est très attachée à la religion juive, moi j’aimerais bien, mais je n’ai pas le temps. Je dois travailler, produire des résultats ! Mais j’aime ma sœur comme personne, je la défendrais toujours, œil pour œil, dent pour dent ! Et je suis contente parce qu’Elza semble heureuse avec toi. Elle t’aime et je t’aime moi aussi. Puis Julie embrassa Alexandre sur la bouche en un furtif baiser.

Son idylle avec Elza était en fait providentielle pour Alexandre qui s’en sentait revivre. L’été s’annonçait splendide pour eux. Ils visitaient les musées, allaient au cinéma, se promenaient dans les parcs, fréquentaient les bibliothèques, allaient là où les menait leurs discutions ininterrompues.

Une vision d’Elza petite allait enflammer l’imagination et le rire d’Alexandre durablement. Elza devait avoir cinq ans, et se tenait allongée au milieu du salon de sa grand-mère, la jupe relevée, se touchant le kiki longuement. Et la grand-mère de lui demander pourquoi elle faisait ça ? Elza si fraiche et déjà chipie : « parce que c’est si bon mamie !!! … . »

CHAPITRE VIII : La famille d’Elza

Elza avait très vite voulu présenter Alexandre à sa famille. Ainsi au cour d’un diner , légèrement intimidé avait-il rencontré Paul et France, respectivement son père et son amie avec qui il vivait maritalement. Le grand frère d’Elza et de Julie. Et fulvio, un cousin de la famille dont il compris qu’il avait perdu ses parents, et était souvent convié à leurs réunions, pour cela même qu’il n’avait plus sa propre famille.

Paul était superbe avec ses cheveux blancs, ses vestes noires ou ses cols roulés noirs, ses pantalons de flanelle noire aussi, et sa silhouette svelte. Il était aussi gentil qu’il était classe, et qu’est-ce qu’il en jetait ! Sa fortune, il l’avait faite dans l’édition de journaux pour adolescent. Ça avait été dur de perdre sa femme, un déchirement absolu. Mais l’amour de ses enfants aidant, la passion pour son travail facilitant, il avait su se refaire une vie. D’un naturel joyeux autant que taciturne parfois, il appréciait les bonnes tables, les vins fins, et les cigares. Plus que tout et comme le père d’Alexandre, il chérissait la jeunesse, même si elle était par trop bruyante et se précipitait vers la maturité dans l’indiscipline. Cela l’attendrissait. Fait insolite pour un homme d’affaire fortuné comme il l’était : il n’avait pas de voiture, et se déplaçait en métro, en taxi ou en avion, quand il se rendait à Londres dans sa résidence secondaire, dont officiellement il avait fait sa résidence principale pour des raisons fiscales. Il avait accueilli Alexandre par un amical « Ah c’est toi maintenant qui t’occupe de ma fille », espérant que cette fois-ci sa fille était guérie de sa torpeur avec les hommes qu’elle jetait les uns après les autres.

France, sa compagne s’habillait toujours de manière décalée : arborant souvent d’authentiques convers rouges qu’elle pouvait mettre avec n’importe quoi. Elle possédait un magasin de dessus de lit tendance et vendait partout dans le monde. Elle avait deux enfants.

Le grand frère d’Elza et de Julie était un drôle de zigue. Il avait le même âge qu’Alexandre. Mais plus prompt à se débrouiller dans la vie, dès l’âge de 15 ans, il pouvait assurer son autonomie financière en entamant une carrière de numismate. Depuis Elza ignorait l’origine des ressources de son frère, peut-être était-il entretenu par leur père. Il chérissait la liberté de l’oisiveté de son statu de jetsetheure, tout occupé qu’il était à voyager à travers le monde d’une soirée à l’autre. Sinon quand il restait à Paris, il occupait le terrain en squattant les boites branchées, à la recherche de jolie blonde dont il faisait une consommation immodérée, d’après la langue de vipère d’Elza : il faisait la « collection des poids chiches ».

( à suivre)

Chapitre VI : Le travail au Louvre

Son boulot, Alexandre l’avait dégotté par la voie la plus usuelle : l’Agence Nationale pour l’Emploi. Et tout lui avait semblé facile. D’abord il y avait eu ce test simple auquel on lui avait demandé de se conformer. Il s’agissait de faire des additions, des soustractions, et une division : histoire de vérifier qu’il n’était pas complètement débile. Puis vint l’entretien où il n’eut qu’à montrer sa bonne bouille pour que d’office on le brancarde  » agent de sécurité », affecté à la surveillance du Louvre. Site merveilleux s’il en est, dont il ne surveillait pas directement les trésors, plutôt les abords. En surface, là où sur l’esplanade trône la pyramide transparente ; et dans la  » cour carrée » attenante. Jusque, sous la pyramide, ne franchissant jamais la zone de contrôle des billets, ni ne devant s’aventurer au-delà des limites du musée, toujours sous la pyramide, là où commence la galerie commerciale. Chaque jour il changeait de poste, pouvait être affecté au « tube », l’ascenseur de l’entrée de la pyramide qui prend en charge les handicapés et les  » Very Important Personne ». A un des nombreux postes fixes quadrillant l’espace sous la pyramide. Ou alors, était-il chargé de réguler le flot des entrées de la pyramide, ou d’arpenter ses alentours à la recherche des pickpockets et des vendeurs à la sauvette. Ou lui était-il confié la mission d’accueillir, toujours en surface, les groupes sous le « passage Richelieu » dont un escalator menant aux billetteries leur était spécialement dédié. Lui préférait être dehors même par grand froid. Tant sous la pyramide le murmure de la foule perdue et son déplacement assourdissait plus qu’un marteau-piqueur. En fait, Alexandre avait tout de suite aimé ce job payé un peu plus que le revenu minimum. Car avec trente mille visiteur par jour, des têtes toujours différentes régalaient sa vue, et il y avait toujours des évènements distrayant qui émaillaient ses journées d’intérêts particuliers. N’importe quoi pouvait se produire, il fallait s’attendre à tout. Être sur le qui vive, à l’affût. Et le cadre était proprement grandiose, avec la possibilité qui lui était offerte de visiter le musée quand bon lui semblait. Et si son accès aux souterrain du Louvre lui était limité, sa gigantesque dimension labyrinthique connues des seuls pompiers, ses passages secrets  réservés aux conservateurs et aux transports des œuvres, la dimension imaginaire de ses rêverie en étaient décuplée. Comme de savoir que sous la pyramide, galerie commerciale comprise, plus de mille personnes travaillaient : une petite ville en vérité, et dotée d’infrastructures sportives, d’une cantine, et tout un tas d’autres choses… Ville fourmillante charriant son lot de passions secrètes, de fraternité ou de rivalités, de drogues, de ragots, de sueur et de petites mains.

Par dessus tout, Alexandre appréciait d’être choisi par les jeunes filles pour figurer sur une photo souvenir. De plus, il y avait ces femmes qui de temps à autre lui laissaient leur numéro de téléphone. L’une d’entre elles, Céline, l’avait dragué ouvertement. Et bien qu’il ait su que Bahia réprouverait catégoriquement, se targuant, au delà de la fidélité de lui être loyal, il l’avait rappelé profitant de ce que Bahia était en voyage. Comme ils l’avaient convenu, ils s’étaient rencontrés chez elle tôt le matin. Lui avait apporté des croissants pour l’occasion. Bien entendu malgré le fait qu’elle fut mariée, Céline était seule chez elle. Coïncidence ? Son mari était parti en voyage disait-elle. En une demi-heure ils eurent fait le tour de leurs occupations réciproques. Céline travaillait dans un salon de coiffure, et, ambitieuse, elle avait la ferme intention d’ouvrir sa propre boutique de soins capillaires. Elle était ambitieuse, elle l’avait déjà dit, leur conversation tournait en rond et ni l’un ni l’autre ne savait que faire pour entamer les choses sérieuses. C’est là qu’Alexandre remercia son imagination de lui avoir suggérer de l’interroger au sujet des performances sexuelles de son mari. Car elle avait beaucoup à en redire. Elle était délaissée par des voyages sempiternels et maudissait le sort de ne pas rencontrer d’hommes. Il n’en fallait pas plus pour qu’Alexandre soit sérieusement émoustillé. Littéralement il avait sauté sur elle pour l’embrasser. Mais c’était trop tard. Ils avaient trop parlé. Son mari devait rentrer sur le champ d’après elle. Alexandre n’en fut que plus excité. Il la pressa de le suivre dans la chambre, ce qui n’était pas difficile tant Céline était en manque. Aussi prestement que possible il lui enleva sa culotte après avoir relevé sa jupe et enfila une capote, pour deux minutes après en remettre une autre, et cinq minutes plus tard, après des gesticulations de plaisir aiguës mais rapides, éjaculer de nouveau, et c’était fini. Ils l’avaient fait. Juste le temps de prendre une douche ensemble ensuite. De se dire que ce manque de temps est dommageable et qu’on passerait bien une nuit entière à se montrer ce qu’on sait faire, parce qu’on a aimé quand même. Juste le temps d’un dernier baiser, et Alexandre était parti. Et parti pour ne plus jamais la revoir comme, plus tard dans le mois, il avait tenté de la recontacter et était tombé sur son mari très fâché, qui lui avait dit qu’il avait viré sa salope de copine… .

Alexandre avait eu d’autres aventures avec des inconnues, sans conséquences pour son couple, pensait-il. Mais c’est de révéler par niaiserie à sa tendre aimée le traquenard que lui avaient tendu ses collègues pour le pousser dans les bras de l’inexpérimentée Claude qui précipita sa chute aux yeux de Bahia. A l’aube de l’été, poussé par un coup de soleil sur la tête, et beaucoup d’inconsciente bêtise, il faut dire, car ces choses là doivent rester secrètes, il s’aventura à discuter avec Bahia de cette fameuse soirée de beuverie entre collègues. De comment on avait profité de ce qu’il avait la descente facile pour le saouler et une fois beurré le mettre dans le lit de Claude, pauvre vierge attardée qui avait ému tout le monde avec son amour pour Alexandre, lequel était, semble-t-il, le seul à l’ignorer. Il avait dit à Bahia combien, profitant de ce qu’il ne savait plus ce qu’il faisait, Claude l’avait embrassé et masturbé, et déjà c’était plus qu’il n’en faut pour offusquer Bahia. Laquelle avait contenu ses larmes mêlées d’une colère terrible et sut lui soutirer les vers du nez, en lui faisant admettre qu’une fois passée cette faiblesse, à supposer qu’il ait jamais s’agit d’une faiblesse, il l’avait tout de même également dépucelée, et qu’en l’occurrence c’était impardonnable toute cette sordide aventure. Vraiment il lui avait brisé le cœur. Elle pleurait à chaudes larmes. C’était un porc ! Un fieffé salaud ! Bahia hurlait maintenant, prise par des spasmes de rage. Tout remontait à la surface de sa conscience. Mon Dieu, que n’avait-il pas gardé une occasion de se taire ? , pensait Alexandre, tout ému par le flot de reproches qui se déversait sur sa pauvre tête comme s’il eut s’agit d’un véritable sac d’ordures. Oui, non seulement elle avait dû vivre deux ans avec son abominable frère par la faute de sa fainéantise ! Non seulement il l’anéantissait toujours lorsque, comble du mépris pour autrui, et pour elle, il ne savait que se terrer dans son mutisme lors des engueulades ! Non seulement ils ne partaient jamais en vacance ! Non seulement il avait osé l’humilier devant ses propres amies en se foutant de sa gueule avec son alcoolisme ! Mais en plus maintenant et peut-être depuis toujours il la trompait, au mépris impardonnable de l’amour fidèle qu’elle lui avait toujours témoigné ! Elle était bien tombée des nues ! Mais c’était clair maintenant, elle voyait dans son jeu de salaud qu’il se foutait de sa gueule et l’avait bien prise pour la pauvre conne ! Mais elle n’était pas n’importe qui, elle se vengerait : il pouvait en être sûr. Bien évidemment dorénavant ils n’étaient plus ensemble : elle le larguait, c’était décidé.  » Tu peux me dire combien d’autres il y en a eu, maintenant… Combien ?! Combien ?! Combien ?! COMBIEN ?! Quatre ? Cinq ? Dix ? Plus ? Avoue salaud !  » …. Bahia était devenue hystérique.

La vengeance de Bahia fut effective seulement un an après et celle-ci fut terrible pour Alexandre. Avant ce temps, il semblait qu’ils s’étaient rabibochés sur l’oreiller comme à chaque fois. Mais durant l’année deux évènements mirent le feu aux poudres. Le premier : la mort de la grand-mère de Bahia l’avait mise sans dessus dessous, l’avait plongée dans une mélancolique tristesse qui lui avait semblé augurer la mort accomplie de ses années de jeunesse. D’ailleurs, c’est comme si une barrière morale de plus avait cédé en elle. Plus rien ne la rattachait, pensait-elle, à la morale marocaine de soumission des femmes à leur mari. La douleur était immense mais plus rien n’entravait sa liberté de femme occidentale assumée. Non qu’elle eut considérée sa grand-mère, si ouverte d’esprit, comme une barrière, mais plutôt comme le dernier lien qui la rattachait à sa famille, laquelle incarnait à ses yeux l’austérité et l’obscurantisme de mœurs surannés qu’elle rejetait de tout son cœur. Un deuxième évènement survint vers la fin de l’année : dans une salle de sport qu’elle fréquentait, elle retrouva un de ses anciens amis. Olivier qui s’occupait du bureau universitaire de sa fac de sociologie et de qui, il y avait longtemps, elle avait dit à Alexandre qu’elle le trouvait beau. Hardi le garçon et bien que la sachant casée, il avait tout de suite essayé de la coincer dans le vestiaire. D’abord offusquée elle s’était dégagée, et il en était resté là. Mais bougre, la chance était avec lui. Il se trouva que cet été là, Bahia pût consulter le dossier médicale d’Olivier, comme elle travaillait en qualité de secrétaire dans le cabinet médicale qu’il fréquentait. Le dossier indiquait qu’Olivier avait de multiple partenaires sexuelle, c’était un chaud lapin, un de plus décidément. Et fermement décidé à lui faire la cour, déesse qu’elle avait toujours été, lorsqu’il la vit, oubliant son échec précédant, il l’invita à diner dans un restaurant sympathique, avait-il précisé. Or, si Alexandre lui cuisinait toujours des plats succulents, il ne l’invitait jamais au restaurant. Elle avait donc dit  » oui  » , le soir même  » non  » à son baiser, mais elle avait hésité. Olivier était grand et beau et il n’en démordait pas, de tout son cœur, il la désirait. Elle se sentait faiblir et finalement devant tant de gentille insistance elle dit oui, un soir où ce lourdaud d’Alexandre avait cru qu’elle dormirait chez une amie. Finalement ils faisaient l’amour aussi souvent que possible, frénétiquement, durant de longues heures de bonheur. Et Alexandre n’y voyait que du feu. Elle éprouvait maintenant un léger mépris pour la gaucherie de son ancien amoureux, et du mépris aussi devant tant d’aveuglement. Mais comme elle avait changé dés le premier soir où elle avait couché avec Olivier, Alexandre en avait ressenti un doute dans son honnêteté envers lui, tenant à je ne sais quoi d’une attitude inhabituelle. Bien vite il avait voulu ne plus être conscient. Même si maintenant, et à son plus grand désespoir, il constatait des traces de jouissances dans ses sous-vêtements, dont il n’était pas la cause. Et plusieurs fois Bahia avait refusé de se donner à lui, ce qui finit de le blesser au plus haut point. Le coup fatal lui fut porté lorsqu’il se rendit compte combien elle était amoureuse de son bellâtre. Quand les hommes vivent de tromperies d’un soir le plus souvent les femmes ne se donnent pas à un autre sans être amoureuse. Mais le clavaire d’ Alexandre n’augmenta que lorsqu’il sut vraiment. Et ce fut lors d’un voyage de bahia en Belgique avec la nouvelle compagnie de théâtre qu’elle avait intégré pour jouer une pièce inédite, qu’il apprit au téléphone de la bouche d’une de ses camarades perfide et sans doutes un peu trop jalouse de Bahia, que celle-ci durant leur temps de repos était partie avec un homme dont Alexandre rageait d’ignorer à qui il avait à faire. A son retour, au téléphone, il fit avouer à Bahia qu’elle le trompait bel et bien et elle se rendit à l’évidence sans vouloir rien dire de plus sinon qu’elle lui en parlerait une fois chez eux. Ce qu’elle ne fit qu’à demi-mot, révélant quasiment rien de son nouvel amour. Dans la cabine, l’être d’Alexandre s’était brisé tel un vase jeté du septième étage. Il avait senti à son tour ce déchirement de son cœur dans sa poitrine. A ce moment là il le sentit : de roi , il était redevenu serviteur aux yeux de Bahia , laquelle ne voulait pour rien au monde rompre avec Olivier, même si son couple devait en périr. Cette situation tragique pour Alexandre qui, pire que tout, ignorait tout de son rival, le fit sombrer dans une grave déprime et il crut devenir fou. Fou de jalousie, se méprisant lui-même de fouiller frénétiquement dans les affaires de sa bien aimée déesse que pour rien au monde il ne voulait perdre. Jalousie dévoratrice et abaissante qui ne l’empêchait pas de sentir Bahia glisser entre ses doigts de lourdaud et le laissait plein de haine envers lui-même. Si déconcerté par ce sentiment qu’il n’avait jamais ressenti avant… Il lui arrivait de pleurer à chaudes larmes.

Chapitre V : L’installation dans l’appartement 

Après deux ans de vie commune, et au bonheur de Bahia, Alexandre, peut-être gagné par un réalisme naissant, se décida à trouver un emploi capable de lui faire assumer le budget d’un loyer. Il ne trouva rien de mieux qu’agent de sécurité, certes dans un cadre prestigieux : le Louvre. Les voilà donc enfin prêts pour le grand saut lui et sa compagne de chaque instant. Ils choisirent  un appartement et le seul qu’ils visitèrent jamais se trouva être le bon. Il s’agissait d’un deux pièces aux parois plutôt exigües, mais charmant appartement donnant et sur la rue et sur un jardin privatif accessible à tous les locataires du petit immeuble où ils allaient vivre enfin chez eux. Les cinq cents mètres carré du jardin rachetaient à leurs yeux leurs trente mètres carré de surface habitable. Cette étendue où on n’avait pas encore posé de gazon augurait de sublimes parties de barbecue avec leurs amis. Et ma foi, l’intérieur de l’appartement était vivable. On entrait dans un couloir minuscule, ne pouvant pas même contenir un vélo, lequel donnait sur ce qui ferait office de petit salon, le tout décoré sobrement d’une petite télévision, une petite table, une petite étagère pour les papiers, le téléphone et basta. Et tandis qu’à cette première pièce s’ajoutait une kitchenette coincée contre la fenêtre où on tenait difficilement à deux, le salon se continuait par une chambre, exigüe elle aussi, où pour gagner de la place trônait une mezzanine, sous laquelle Alexandre avait l’intention de faire tenir son bureau et une étagère de sa fabrication pour ses livres. Le reste du deux pièces se prolongeait par une salle de bain assez longue mais mince dont toute la place était mangée par un utile cabinet de débarras. Qu’à tout cela ne tienne, ils avaient signé le bail très enthousiaste, sans se méfier de ce que leur propriétaire était un roublard.

Après toute cette attente, ils s’étaient enfin sentis chez eux, heureux de leur nouvelle vie. Lui partait le matin travailler au Louvre. Elle faisait la grâce matinée. C’était son tour. Il n’y avait que le mercredi qui était le jour désigné de son activité professionnelle, le jour où elle devait s’activer. Mais la plupart du temps le soir venu, madame se faisait servir un dîner sorti de l’imagination de son amant préféré. Il la gâtait sa reine, elle, au début, à peine capable de faire cuire un œuf. Et le week-end quand il ne travaillait pas, ensemble, ils s’amusaient à faire le ménage. C’était nouveau et drôle, leur petite vie. Moins d’amis leur rendaient visite mais ils s’en fichaient. Ils s’aimaient au point de se suffire. D’ailleurs leurs sublimes étreintes n’avaient jamais faibli et ils avaient baptisé l’appartement à leur manière, faisant bientôt sauvagement l’amour dans tous ses recoins. Le week-end, quand ils ne s’attardaient pas dans la mezzanine pour se bécoter, s’il faisait beau, ils recevaient dans le jardin, ouvrant la fenêtre de leur chambre pour y entrer et sortir sans avoir à faire tout le tour de l’immeuble. Catherine, fidèle parmi les fidèles, venait s’étendre avec son amie Bahia sur l’herbe maintenant verte de leur jardin. Alexandre leur concoctait des rafraîchissements à base de fruits pressés. Stéphanie et son mari Norbert venaient leur rendre plus souvent visite. Stéphanie croyait que Bahia avait enfin quitté un lieu de perdition néfaste pour elle. Cécile qui venait de finir ses études de visiteuse médicale, et maintenant qui travaillait à temps plein, leur tenait compagnie, elle aussi, quand elle n’était pas accaparée par le flot de ses compliquées aventures sentimentales. Sinon, un ou deux de leurs amis commun leur étaient restés fidèles. Zénéto entre autre, lequel venait deviser littérature avec Alexandre. Il y avait aussi Mathieu, plus l’ami de Bahia que d’Alexandre. Lors de la pendaison de crémaillère, ne furent invités quasiment que les amis de Bahia laquelle avait tenu à écarter tous les zigotos avec qui Alexandre se croyait avoir un lien. Pour se venger, Alexandre lui fit honte en se saoulant pour terminer pitoyablement la soirée, prématurément, le nez dans les manteaux des invités, sur lesquels il s’abstient tout de même de montrer son dédain en vomissant dessus. Bahia tira la tronche pendant une semaine. Et comme ces femmes qui ont la rancune tenace, elle ajouta ces méfaits à tous les griefs qu’elle avait à lui reprocher depuis qu’ils se fréquentaient, s’apprêtant à lui rejeter en pleine figure les preuves de ses manquements à son égard, le moment venu, car malgré tout la liste commençait à être longue. Mais elle l’aimait, c’était plus fort qu’elle. Alors elle oubliait, jusqu’à la prochaine colère.

Les parents de Bahia ne savaient pas où les deux amants habitaient. Leur fille ne leur avait pas communiqués son adresse. Car pendant deux ans ses parents l’avaient harcelée. Au téléphone d’abord. Puis ses deux frères s’en étaient mêlés et il avait même fallu appeler la police lorsqu’un soir une rixe éclata avec Alexandre. Puis il y avait eu la suspicion de leurs méfaits. La police les avait enjoint de se tenir à l’écart, aussi il semblait qu’ils s’étaient vengés autrement. Une première fois en crevant les quatre pneus de la Ford du père d’Alexandre. Ensuite en bouchant leur serrure avec du mastique. Puis, sans doutes occupés ailleurs, ils avaient  laissé tranquille le couple. La mère continuait quant à elle de téléphoner à sa fille. Au début, pour lui faire des reproches. Son père se lamentait, sa fille l’avait abandonné. Il n’avait plus de fille. C’était fini pour elle. Et de dire aussi combien de vivre avec tous ces hommes, elle qui n’était pas encore mariée, ça jetait la honte sur toute la famille, tant ça ne se faisait pas. Puis la mère s’était, à dessein, faite plus douce avec sa fille. Ce n’était pas sa faute si elle avait arrêté ses études, la faute en revenait à la mauvaise influence d’Alexandre. Celui-ci était un mauvais garçon. Il ne l’aimait pas vraiment. Il voulait juste lui faire des choses qu’une jeune fille bien sage, comme elle l’était, ne pouvait accepter. Il fallait qu’elle revienne. Tout le monde l’accueillerait dans la joie. Elle reprendrait ses études et tout irait bien. Mais à force de lui dire qu’elle aimait Alexandre, sa mère avait fini par céder du terrain. Acceptant même en cachette de son mari de le rencontrer. Et c’était vrai, s’il n’était pas un bon musulman, Alexandre lui avait semblé être un gentil garçon. Elle lui avait dit qu’il était un peu le  frère de Bahia et qu’il devait la protéger, car elle ne pouvait accepter l’idée que sa fille puisse ne plus être vierge. Et Alexandre, pas mauvais bougre pour le coup, avait fait mine d’accepter. Puis Bahia avait revu sa grand-mère, lorsqu’elle était venue en France. Elles s’adoraient et à elle, Bahia qui était sa préférée, pouvait tout dire. Or, malgré son âge avancé et la différence de génération qui put sembler rédhibitoire, la grand-mère avait accepté Alexandre, le trouvant gentil et serviable. Elle disait seulement de lui qu’il n’avait pas d’argent. Depuis cette visite, Bahia s’était dit que sa mère ne comprendrait jamais son désir de se lier à un non musulman, elle pourtant dont le mariage arrangé avait été malheureux au début. Aussi, Bahia n’avait pas laissé d’adresse, se réservant le droit de lui téléphoner d’une cabine, de temps en temps, pour, en cachette de son père, prendre de ses nouvelles.

Sinon, au fil du temps Alexandre et Bahia avaient pu prendre la mesure du petit immeuble où ils résidaient. En fait, sur les quatre étages, les petits appartements avaient été loués à des jeunes. Située comme eux au rez de chaussée, il y avait Elise, une jeune infirmière sympathique à qui, un jour, ils déconseilleraient d’aller se marier au Sénégal avec un homme rencontré par hasard, dont ils soupçonnaient qu’il ne l’avait séduit que pour les papiers. Elise l’aimait et ne les avait pas écoutés. Elle était partie se marier, de surcroît elle en était revenue enceinte. Mais sitôt marié son colosse de mari avait pris la tangente… Sinon au premier étage, il y avait Marie, une célibataire endurcie un peu garçonne. Elle travaillait dans la confection de plans militaires, un boulot secret qu’elle avait voulu faire voir à Alexandre. Bahia, elle, s’en méfiait un peu. Elle la trouvait bizarre avec ses photos de ses chiens, uniques tableaux ornant les murs de son deux pièces. Sa passion pour le baby-foot qui lui avait fait gagner multitudes de trophées, lesquels ornaient ses étagères, lui semblait aussi un peu incongrue pour une fille. Comme on s’en doute, Marie n’était pas féminine pour un sou… Toujours au premier mais en face, habitaient Shafik et Souad, le couple de marocains duquel Alexandre et Bahia allaient vivement se rapprocher. Shafik plus âgé qu’Alexandre, lui plut tout de suite. Il était libre dans sa tête Shafik, joyeux fêtard et fumeur de haschich comme lui. Combien de fois n’iraient-il pas ensemble chercher leur opium?, Shafik faisant profiter Alexandre de ses bons plans et de son savoir faire avec les dealers de tous poils. Shafik disait aussi à Alexandre qu’il avait une petite planète dans la tête, uniquement à lui réservé, où il pouvait se réfugier chaque fois qu’il ressentait le besoin de s’isoler. Il disait qu’un homme ne doit pas donner son cœur à sa femme : un cœur ça ne se donne pas. Et il racontait toujours des tas d’histoires drôles, comme cette fois ou tombé par hasard dans les griffes de scientologues, ceux-ci , il leur avait pris la tête, et ils n’avaient pas réussi à le contredire, encore moins à le convertir. Il avait une pléthore d’amis fidèles aussi, Shafik, et adorait les inviter à partager un barbecue dans le jardin, et très vite Alexandre et Bahia étaient conviés à rejoindre leur bande. Quant à Souad, Bahia vit en elle une grande sœur et une personne prompte à l’écouter lui confier ses petits secrets de femme. Voilà pour leurs voisins proches. Les autres ne se mêlaient pas à leur groupe. Et tous allaient passer trois longues et belles années à se côtoyer, partageant chagrins et espoirs de la vie quotidienne.

Chapitre IV : Le couple

La nouvelle de la liaison entre Alexandre et Bahia ébranla tout leur petit monde. A commencer par Cécile qui, comprenant qu’elle perdait Alexandre en éprouva du ressentiment envers son amie. Gérald et Brice, eux, vinrent féliciter Alexandre de cet exploit inédit parmi la bande. Les autres amis de Bahia furent surpris, comme Bahia ne s’était ouverte a personne concernant l’affection secrète qu’elle éprouvait pour Alexandre. D’autres pensèrent que Bahia la pure avait bien changé et que c’était honte que de s’être acoquinée avec un tel vaurien. Mais celui qui en éprouva la blessure la plus piquante fut sans doutes Nicolas, le propre frère d’Alexandre, vexé d’avoir été ainsi doublement trahi, et par son amie et par son frère. Et du jour au lendemain il devint insupportable avec le couple. D’abord parce que Nicolas et Bahia, qui avaient ensemble abandonnés depuis peu la fac pour se consacrer au théâtre, s’étaient dégottés le même petit boulot, et que c’était là une occasion quotidienne pour Nicolas d’harceler et de maltraiter verbalement Bahia qu’il considérait comme déchue de son piédestal. Ensuite, parce qu’il lui semblait aussi que son petit frère méritait son courroux, il ne voulait plus lui adresser la parole ni lui faire partager ses plans de soirée. Bref, toute leur troupe d’amis était partagée quant à la conduite à tenir à leur égard. Bahia qui était vive le savait bien : c’était la fin d’une époque, le crépuscule de la bande des théâtreux, une ère nouvelle s’annonçait.

Et cette ère débuta pour le couple sous les bons hospices du sexe a gogo. Alexandre baisait Bahia tant qu’il pouvait. Plusieurs fois par jour quand elle était la. Toute la nuit durant aussi. Il ne se lassait jamais de la pénétrer et mettait du cœur à l’ouvrage. Toutes les pièces de leur appartement y été passées : pas un seul endroit où ils n’avaient joui. Bahia criait sans vergogne et adorait leurs jeux sexuels, lui ne se lassait jamais de son corps, son sexe : il la fourrageait avec passion. Tout paraissait merveilleux, chaque élan sexuel égalait ou surpassait la précédente étreinte. Toutes escarmouches entre eux se soldaient invariablement dans une effusion de sexe. Ils passaient des week-ends entiers au lit, négligeant leurs amis. Rien ne comptait plus pour chacun que le moment où ils pourraient faire jouir l’autre. Ca tapait sur les nerfs de Nicolas d’entendre gémir à travers la cloison, le père, lui, il rigolait, eux, ils suaient a grosses gouttes et leurs joutes sexuelles étaient épiques tant ils s’entendaient à merveille. Bahia la prude avait été pervertie aussi : elle ne déniait pas à l’occasion tirer sur un joint pour accroître son plaisir sexuel. Un jour où ils avaient rencontré dans la rue un dealer qui les fit tous deux fumer à l’œil, fut particulièrement marquant à leurs yeux. Lorsqu’ils rentrèrent, Bahia qui n’avait pas l’habitude de fumer une herbe aussi forte, délirait. « J’ai les bras qui s’allongent », croyait-elle. Et de lancer des « prends moi, déchire moi, coupe moi la tête ! », pendant qu’il la fourrageait. Délirant certainement lui aussi, Alexandre crut faire l’amour à un être de sable dont la fente ne cessait de couler en une eau fraîche sur sa bite émoustillée. Du sable, il croyait tenir entre ses bras, du sable ! Mais Bahia était aussi océan, lac, rivière, tempête, être de lumière, montagne et marécage… et la sensation inoubliable dura jusqu’au petit matin…

Par ailleurs, alors qu’Alexandre vivait dans une certaine insouciance des lendemains, Bahia, elle, plus pragmatique pensait à leur avenir. Plusieurs fois, elle avait tenté de motiver Alexandre pour qu’il aille chercher un travail. Mais lui ne voulait rien faire qu’écrire et leurs modestes conditions de vie lui convenait. Il n’y trouvait rien à redire. Bahia avait beau crier, rien n’y faisait, alors elle attribuait cela à la jeunesse d’Alexandre, à un certain manque de maturité et remettait son projet à plus tard. Pour le moment, après tout, rien ne pressait : ils avaient un toit et si elle rêvait de les voir vivre seulement tous les deux, dans un « chez soi » qui serait leur nid douillet, elle prenait son mal en patience. D’autant qu’elle avait quittée son boulot ne supportant plus les agressions de Nicolas avec qui elle voulait ne plus rien avoir à faire. Depuis lors, elle n’avait trouvé qu’un job, certes bien payé, mais s’agissait-il de travailler seulement le mercredi, dans une m.j.c dont, avec son bagout, elle avait convaincu la directrice de l’engager pour enseigner le théâtre aux enfants. Or, ce qu’elle gagnait était insuffisant pour subvenir au paiement d’un loyer.

Les mois passèrent. La plus part du temps, Alexandre et Bahia faisaient l’amour toute la journée. Comme l’avait prévu Bahia, le groupe des théâtreux l’avait mise de côté et ne lui restaient que ses amies de toujours : Catherine, Stéphanie qu’on voyait peu, et Cécile qui avait fini par lui pardonner estimant qu’elle n’était pas si bien que cela avec Alexandre. Sinon, la réserve d’amis de Bahia, qui était très sociable, semblait inépuisable et elle ramenait toujours des têtes nouvelles à la maison. Entre Alexandre et Nicolas la fraternité avait finie par reprendre le dessus. Même si Alexandre déplorait la rupture éternelle qui semblait s’être instaurée entre son amie et son frère, il était bien content, au fond de lui, de n’avoir pas eu à choisir entre l’un ou l’autre. Eric quant à lui venait toujours leur rendre de joyeuses visites, amenant parfois l’un ou l’autre de ses amis afin de faire se rapprocher les cercles de ses connaissances. Il y eut aussi Franck qui vint souvent durant cette période. Tous fumaient et rigolaient de joie à s’en décrocher la mâchoire. Le père d’Alexandre, lui, vieillissait dans son coin, occupé par quelques mots croisés savants et son tiercé qu’il ne manquait pas de valider chaque midi pour sa sortie quotidienne. Après des centaines de c.v envoyés en vain, il n’avait pas renoncé au travail, c’est le travail qui semblait avoir renoncé à lui. Il espérait tout de même. Même si c’était mollement. Même s’il comptait plus sur une nouvelle fortune acquise au p.m.u qu’à la sueur de son front d’ingénieur informaticien. Quant à ses enfants : il s’avouait définitivement dépassé. Il eut fallu que sa femme tant aimée soit toujours là, elle qui savait y faire pour instaurer un semblant d’autorité. Mais c’était du passé tout ça. Il n’avait plus que ses deux garçons maintenant. Et tout de même ça lui faisait plaisir de constater leur vigueur, leurs aptitudes avec les femmes. Cela le renvoyait à sa propre jeunesse. Car plus que tout, le père d’Alexandre chérissait la jeunesse. Et il pensait que rien ne devait en entraver les manifestations bruyantes de ses élans. Il appréciait bien Bahia aussi, et la tenait pour la fille qu’il n’avait pas eu, déplorant seulement qu’elle ne fut pas la femme d’intérieur qu’on pu espérer qu’elle soit. Cependant, son fils semblait l’aimer et c’était bien là l’essentiel à ses yeux. D’ailleurs peut-être que c’était elle qui lui procurerait un jour le bonheur d’avoir des petits enfants, se disait-il à son sujet. Tout n’allait donc pas si mal. Et même si les voisins se plaignaient souvent de leurs veillées nocturnes trop bruyantes. Même si les flics connaissaient la famille pour l’avoir déjà verbalisée. Même si le père d’Alexandre ne payait plus les charges à la copropriété depuis des mois, sans l’avoir dit a personne. Toute sa petite famille était somme toute heureuse.

Une des seules fois où le père d’Alexandre dut donner de la voix fut un de ces mardi gras ou les invités de la fête menacèrent, par jeu, de brûler la moquette, casser les meubles, toujours par jeu, et de faire passer les canapés par la fenêtre encore par jeu. Ce soir là, en rentrant sur les coups de dix heures, le père d’Alexandre découvrit une soixantaine d’invités déguisés, éparpillés dans toutes les pièces de l’appartement, y compris sa chambre où on avait installé le garde manteaux, et d’où il osa a peine faire sortir Zénéto qui était entrain d’entreprendre une donzelle fraîchement cueillie par lui, l’homme des cavernes, tel qu’ainsi était son accoutrement. Donzelle déguisée en libellule, que le père d’Alexandre trouva à moitié débraillée, à moitié saoule, et à moitié violée. L’appartement grouillait aussi de corsaires entre les mains desquels circulaient pléthore de bières. Le saladier de sangria, sans lequel on ne peut pas saouler les filles à moindre frais et sans en avoir l’air, était géré par Franck, ridiculement déguisé en abeille : deux raquettes en bois tenues par de la corde faisant office d’aile. Nicolas, son père le découvrit dans sa tenue de prince oriental, son sabre flottant sur le flan du sarouel. Quant à Alexandre et Bahia : l’un avait tenu à imiter son ami Zénéto avec qui il s’était déguisé de concert, en homme de Croc-Magnon donc. L’autre campait la classique infirmière qu’on retourne sur un brancard dans une pièce retirée, entre deux urgences, histoire de … Bref, tout le monde était venu. Brice, le pince sans rire en clochard. Eric en rasta bien sûr. Gérald en un énième corsaire pirate. Mathieu en pompier sauveur admiré de ces dames. Valentine, une ex d’Alexandre dont il avait été longtemps amoureux au point de désirer vivre avec elle, en pute, et ça lui allait plutôt bien trouvait-il. Caroline en princesse. Catherine et son frère en cow-boy. Cécile dans un costume de mousquetaire spécialement loué pour l’occasion. Isabelle , leur fidèle voisine qui leur apportait des petits plats quand le frigo était vide, et qui servait de confidente à Bahia en cas de dispute – en médecin, blouse blanche sur bas nylon sexy, et stéthoscope emprunté à son père, pendu au cou. Shirley l’ami anglaise de Zénéto à qui il faisait découvrir Paris aussi souvent qu’il découvrait son sexe – déguisée en écolière. Et tant d’autres amis dont quelques copains voyous d’Alexandre, seuls à ne pas être déguisés autrement qu’avec leurs casquettes et leurs jeans bouffants, ou leurs survêtements Tachini, étaient tout guilleret ou gêné d’être au milieu d’autant de tête de lard… Tandis que le père d’Alexandre, après les bonjours de rigueur à chacun des amis de ses fils qu’il avait pu reconnaître, avait réussi à réquisitionner sa chambre pour lui seul, après son esclandre ; et, alors qu’il était dérangé continuellement sur les coups de trois heures du matin par ceux des invités qui voulaient récupérer leurs effets, il dut à sa vigilance de reconnaître le bruit, dehors, de sa voiture qu’on tentait de demarrer comme pour la lui voler. Et d’un bond de se précipiter dehors pour découvrir, comble d’une soirée déjà mouvementée, que son fils Alexandre qui n’a pas son permis a décide, grand seigneur bourré qu’il est, de raccompagner Zénéto, sa conquête du moment, et Shirley, profitant de ce que Shirley et Zénéto savent conduire, pour apprendre lui-même à conduire lorsqu’il reviendrait seul, après les avoir déposés. Et d’un coup de sang du père qui une nouvelle fois élève la voix, cette fois ci pour sermonner son fils, puis, pas rancunier et toujours sympa pour autant, papa qui décide de raccompagner lui-même les jeunes amis de la famille…

Chapitre III : L’amour

Le quotidien de cette famille recomposée qu’ils formaient s’avéra on ne peut plus excitant pour Bahia. Elle s’était vite accoutumée aux habitudes de la maison. Un intérieur peu rangé, des vaisselles interminables, des affaires partout et des enfants rois qui organisent des fêtes aussi souvent que possible, au point que Bahia avait été un peu dévergondée. Eric qui fréquentait le trio et dont on ne savait plus s’il était l’ami de Nicolas ou d’Alexandre, venait aussi souvent que possible divertir les neurones de ses amis en apportant de la marijuana, trop heureux de voir une famille ou l’on pouvait crier et rire fort jusqu’à tard le soir sans que le père dise rien, ni ne vienne jamais troubler l’intimité de ses enfants. Aussi, Eric prenait la guitare de Nicolas et y allait de sa chanson gaiement. Bien sur, c’est lui qui roulait les joints, et, maître de cérémonie qu’il était, envoyait sur la Lune les neurones de ses compères. Eric, Alexandre l’appelait le « rasta blanc », tant il aimait oublier sa vie de commercial ordinaire, pour le soir venu s’envoyer un joint dans la tête sans lequel sa timidité maladive n’eut pas trouvée à être guérie, « rasta », aussi, parce que s’il était né jamaïcain, Eric eut été plus heureux et d’une apparence en accord avec ses combinaisons intérieures. Il y avait encore Gerald et la bande du théâtre qui, maintenant, débarquaient souvent à la maison et Brice, et Mathieu, et Valentine, et Isabelle la voisine, et Zénéto, et Caroline et Catherine et Cécile forcement, ainsi que les autres amis de Bahia (qui en avait beaucoup) ,lesquels débarquaient à la maison, comme attirés par son aura. Et chaque nuit c’était la même chose. Dans le secret de leur chambre, Alexandre se rapprochait ostensiblement plus de Bahia.

La maisonnée était joyeuse dans l’ensemble et c’était dû à l’effervescence de la jeunesse de ses occupants. Un soir, pourtant, l’ambiance se brisa. Tandis que tout le monde regardait la télévision, on sonna. C’étaient les parents de Bahia qu’elle n’avait pas contactés depuis un mois, qui débarquaient pour faire un esclandre. Le père surtout était le plus véhément, et dans un français imparfait, les pieds solidement arrimés au milieu du salon, il commença à maudire la nouvelle famille de Bahia. C’était une honte pour une jeune fille de vivre au milieu d’hommes étrangers. Et est-ce qu’elle comptait se marier avec l’un d’entre nous ? Si oui, lequel ? Et ou est-ce qu’elle dormait ? C’est « haram » (contre la religion) qu’il hurlait le père : un vrai taudis ! Sa mère disait ,en arabe, à Bahia qu’elle était une prostituée ! , un déchet ! , le déshonneur de la famille ! Son père criait que ça ne se passerait pas comme ça ! Les blancs ne pervertiraient pas sa fille ! Il reviendrait les mettre au pas avec son fusil, s’il le fallait. Et il voulait leur casser la gueule et à sa fille pour commencer, laquelle il agrippa par les cheveux pour la traîner jusqu’à la sortie. Ce contre quoi Alexandre, le premier, s’interposa, suivi de Nicolas qui s’était saisi d’une batte de base ball , le bras tout de suite arrêté par son père, lequel d’humeur pacifique voulu calmer la situation qui devenait de plus en plus instable. Bahia hurlait. Alexandre avait empoigné le père. Nicolas voulait frapper tandis que son père tentait maintenant de calmer ses fils. Il parla à la mère de Bahia, alors que son mari avait lâché sa fille et se remettait de ses émotions, et comme la mère semblait encore la plus ouverte au dialogue. D’abord, il fallait demander son avis à Bahia. Elle était majeure et ses parents ne pouvaient plus l’obliger à les suivre comme ça, sans son consentement.  Bahia avait été éduquée dans des écoles laïques et authentiquement bourgeoises. Elle suivait peu les préceptes de la religion, sinon faisant le ramadan. Or, il était clair qu’elle avait été plus imprégnée par la mentalité occidentale que traditionaliste de ses parents. Qu’elle leur échappe un jour était inéluctable, et, de fait, elle répondit qu’elle ne voulait pas les suivre. Ses parents repartirent donc sans elle, non sans que la mère et le père eurent lancé des jurons , maudissant leur fille ,en la prévenant qu’ils n’en resteraient pas la… Quand ils furent partis, Alexandre pris Bahia dans ses bras. Elle venait de s’effondrer en larmes. Cette nuit là, il en profita pour glisser une main affectueuse sur son épaule, tandis qu’à son habitude, elle lui tournait le dos. Quand sa main se posa sur son épaule, Alexandre fut parcouru par un frisson et affublé d’une érection interminable. Il se surprit peu après à oser déposer un baiser dans le cou de Bahia qui s’en émut, crut-il.

Une semaine après la visite inopinée des parents , tout s’accéléra. Ce soir là, les trois avaient été invités à dîner chez la mère de Cécile. Parmi les invités, figurait Zénéto, toujours le meilleur ami d’Alexandre. Avec lui la discussion fut des plus mouvementée. On s’y empoigna sur des sujets de littérature. Personne n’était d’accord de la même façon pour reconnaître le génie de William Burrought. La mère de Cécile le prenait pour un drogué imcompréhensible au style bâclé, et affirmait lui préférer encore cet alcoolique de Bucovski. Zénéto, lui, ne tarissait plus d’éloge sur le « festin nu », les prodiges accomplis par la Beat Génération et son influence capitale sur la génération des seventies à laquelle, pourtant, la mère appartenait. « Ca n’a rien a voir, je l’ai toujours détesté » , rétorqua la mère. Sur ce, elle remplit les verres vides de chacun du vin qu’elle avait spécialement acheté pour ses invités. Tous se mirent si bien à boire que pendant le dîner trois bouteilles de rosé avaient été sifflées. Et tous d’être saouls, même Bahia, qui pourtant ne buvait jamais, avait osé, incitée par l’ambiance, se servir deux bons verres  qui avaient suffi à son ivresse. Quant Alexandre se rendit compte que Zénéto taquinait sa copine Cécile, il en fut ravi. L’occasion était trop belle. Et de fait, Cécile se laissait charmer, sachant qu’Alexandre n’y trouverait rien à redire. D’ailleurs, au moment de partir, Cécile proposa à Zénéto de rester. Et on savait ce qui se passerait. La situation n’avait pas échappée à Bahia. Cécile allait se faire tringler toute la nuit : conclusion, Alexandre était libre. Il trépignait dans la voiture en attendant, grisé, le moment où il se déshabillerait devant Bahia.

De retour dans leur petite chambre, ce qui se produisit dépassa les espérances d’Alexandre. Une réalité impossible sembla lui ouvrir les bras. Parce qu’il était saoul et Bahia aussi, toutes résistances avaient sauté. Aucune inhibition ne l’empêcha de s’allonger nu dans le lit auprès d’elle qui n’en parue pas choquée. Et tandis que son cœur battait de plus en plus fort la chamade à mesure que ça devenait vrai qu’il l’embrassait encore et encore. Pour de bon, Bahia vaincue, se livrait à lui ! Que ses baisers étaient doux et bons ! Et la peau de Bahia lisse. Enfin il tenait sa Déesse dans ses bras. Enfin son rêve des millier de fois échafaudé prenait forme. Les tétons de Bahia avaient maintenant durci, sous l’excitation. Le sein était merveilleusement beau, et le sexe humide à souhait. Il n’en croyait pas ses yeux. Il aurait pu en rester là, déjà comblé par la providence. Non, Bahia consentait à se dévêtir de sa culotte, se livrant corps et âme. Pour être sûr de satisfaire sa Déesse, il commença alors à la lécher délicatement, enroulant bien sa langue autour de son clitoris, en une danse lancinante dont la mélodie la faisait frémir. Puis vint le moment crucial après la jouissance : il la pénétrait jusqu’à la garde, d’abord très délicatement, puis agité par des soubresauts de plus en plus intenses, que semblait goutter Bahia qui s’agrippait à ses épaules en gémissant. Leur étreinte les maintint éveillés jusqu’au petit matin. C’est vers là qu’Alexandre, épuisé nerveusement par ce qu’il venait de vivre, s’affala littéralement sur le lit, et s’endormit comme une brique. Bahia semblant reprendre ses esprits ne put trouver le sommeil. Elle aurait voulu parler avec son nouvel amant, au lieu de ça, il la laissait avec des doutes et peut-être des remords. Prise de panique, à l’idée de ce qui allait se passer par la suite, elle s’en alla prendre l’air en douce, et pour cacher les sanglots que lui inspirait la réputation sulfureuse de son nouvel amant, de qui il y avait tout à craindre…Enfin, sur les coups de six heures du matin, elle vint s’endormir près du corps ronflant d’extase d’Alexandre. Et quand ils se réveillèrent, sans s’être parlés, ils se promirent un amour éternel que vint sceller un nouvel élan sexuel.

Chapitre II : L’invitée

C’est par un banal mais primordial matin de printemps que le destin d’Alexandre bascula. Il ne l’aurait jamais imaginé, à peine eut-il pu en rêver, mais cela arriva bel et bien. Quand Nicolas tourna la clef dans la porte d’entrée, quelle ne fut pas la surprise d’Alexandre de voir son frère accompagné de la Déesse. « Bahia, avait prévenu Nicolas, vient s’installer à la maison quelques temps ! » Car le destin s’en était mêlé, ses parents l’avaient mise à la porte, après qu’elle se soit brouillée avec eux au sujet de ses études, dont elle leur avait avoués vouloir les arrêter, comme, leur avait-elle soutenu, cela ne la mènerait que loin du but qu’elle se fixait dans la vie. Sur le coup, son père l’avait giflé et sa mère l’avait qualifiée d’ingrate et de fainéante. Son père qui s’était saigné aux quatre veines pour qu’elle ait une éducation décente, qui avait conçu pour elle un destin tout ce qu’il y avait de plus honorable, elle l’avait trahi. Tant qu’elle ne reprendrait pas ses études, il ne lui donnerait plus d’argent ! Ce n’était plus sa fille ! Rien qu’une petite effrontée ! Et patati et patata. A peine avait-elle évoqué l’idée de poursuivre des cours d’art dramatique, sa passion de toujours, qu’elle s’était retrouvée dehors, avec interdiction de revenir tant qu’elle ne serait pas revenue à de plus saines résolutions. Elle était partie, prenant son courage à deux mains, fermement décidée à poursuivre sa vie de la manière qu’elle entendait. Rien ni personne ne l’en empêcherait. Le sort en était jeté ! Mais d’abord lui fallait-il trouver un toit. Prompt à réfléchir à la meilleure opportunité, et, rapide dans ses décisions, elle avait tout de suite pensé à Nicolas, et à sa famille peu orthodoxe, du moins suffisamment peu pour oser accueillir une étrangère en son sein, sans que les parents, là en l’occurrence le père, n’eut rien à redire. Et de fait, le père d’Alexandre, toujours perdu dans ses pérégrinations intérieures ne pipa mot, ni n’accueillit Bahia autrement que s’il avait toujours s’agit de sa propre fille.

Alexandre était ravi. Tout devenait possible. Quelle merveilleuse aventure et coquin de sort ! , se disait-il. Et s’il n’ignorait pas que Nicolas avait la priorité, après tout, c’est vers lui que Bahia s’était tournée, et du reste dormait-elle avec lui dans son lit, il était sûr que rien ne s’était passé entre eux deux, depuis une semaine que Nicolas partageait ainsi l’intimité de sa chambre. Et dorénavant Alexandre voyait Bahia tous les jours. Il pouvait parler longuement avec elle, partageait ses repas, tandis qu’il rêvait de la voir nue chaque fois qu’elle prenait sa douche. Or, il se demandait comment il pourrait la soustraire à son  frère ainé, littéralement la lui chiper. Tout d’abord il fallait résoudre le problème du coucher. Un matin, comme le lit de Nicolas était trop petit pour y bien dormir à deux tous les soirs, il proposa à Bahia de dormir dans son canapé clic-clac, pendant que lui dormirait dans le salon. Bahia le remercia vivement et ne se fit pas prier pour changer de literie. Le lit de Nicolas était trop petit, tout le monde en convenait. Du reste, même s’il se doutait que son petit frère avait une idée derrière la tête, Nicolas ne pu rien objecter à Bahia. D’avoir été éjectée de chez ses parents ne l’avait pas déchue de son statut, Bahia était toujours cette femme faite Déesse, à laquelle on ne pouvait qu’obéir pour lui faire plaisir. Et ça avait l’air de lui faire plaisir de dormir dans la chambre d’Alexandre.

Si le projet d’Alexandre semblait plus réalisable qu’avant, rien n’était fait cependant. Alexandre avait des aventures avec des jeunes filles d’un soir et Bahia, si elle lui témoignait un amical intérêt, le regardait faire, semble-t-il, amusée mais pas intéressée pour autant, du moins en apparence, car Bahia laissait peu transparaître ses désirs. C’étaient les hommes qui lui témoignaient du désir et la draguaient, pas elle !  Il y avait deux mois qu’elle avait rompu avec Feraz,et avait-elle encore suffisamment de prétendants pour faire comme si elle ne s’intéressait pas a Alexandre. De plus, Ce qui n’arrangeait rien:  depuis peu, Alexandre sortait avec une de ses meilleures amies : Cécile, qu’il avait rencontré à une de ces soirée où Bahia, son frère et lui s’étaient rendus à trois, dorénavant inséparables. La encore, il n’avait pas eu l’occasion de déclarer sa flamme à Bahia et avait jeté son dévolu sur une de ses proche, à défaut de pouvoir la séduire, elle. En fait, parfois il se demandait  quelle considération elle pouvait bien avoir de lui, comme tour a  tour, il n’avait pas hésité à draguer ses meilleures amies, jusqu’à sa sœur elle-même, laquelle avait refusée de l’embrasser. Sans doutes devait-elle le considérer comme un beau parleur, un séducteur sans scrupules, et ça devait y aller de bon cœur les commentaires à son égard avec ses copines, car les commentaires étaient fondés. Alors, comment auraient-ils pu s’imaginer ensemble : lui le dragueur, elle la prude ? Il faut croire que les contraires s’attirent comme il est bien banal de le dire, car un soir, la belle proposa a Alexandre de reprendre possession de sa chambre en l’ invitant à dormir avec elle dans le canapé. Alexandre ressentit ce frisson qui parcoure les hommes qu’un événement heureux vient conforter dans la chance en leur bonne étoile. Enfin cela se précisait ! Quelle première nuit il passa auprès d’elle ! Son cœur palpitait dans sa poitrine la majeure partie du temps et il pu à peine fermer l’œil, osant à peine espérer, tentant les rapprochements les plus subtils, scrutant sa respiration à elle pour se persuader qu’à elle aussi il faisait de l’effet. Et chaque soir c’était la même chose : la peur d’être démasqué, le bonheur d’être si prés d’elle, et le désir de la toucher, et ce jeu de dupe entre eux à qui ferait le premier pas. Mais il doutait toujours. Elle n’était pas sans ignorer qu’il sortait encore avec Cécile sa grande amie et ce que ce serait de la trahir, si elle se laissait tenter par lui ; sans parler de sa réputation à elle, ternie par une telle liaison avec un mauvais garçon. Mais décidément, il n’y avait rien à faire contre l’étrange alchimie du désir. L’un et l’autre étaient épris en secret.

LE MELANGE CONTRARIE DES ANGES

Chapitre I : Home, sweet home…

Alexandre venait tout juste de sortir de prison. Il avait été condamné pour acte de vandalisme en réunion.Mamad qui était avec lui lors des faits ne fut pas inquiété . Mais depuis l’événement personne dans le quartier ne l’avait revu. Son père, furieux après lui, l’avait renvoyé au Sénégal afin qu’il puisse s’assagir après un mariage arrangé dont on attendait qu’il fut pour lui l’occasion de se responsabiliser. Aucunes possibilités donc pour Alexandre de revoir son ami de débauche. Et tout avait changé aussi dans le quartier : la plus part des dealers qu’Alexandre avait fréquentés avaient écopés de peine de prison. Ne restaient que les plus jeunes pour poursuivre le commerce et Alexandre ne les connaissait que de vue. Il n’y aurait donc personne pour lui offrir un gramme de chocolat magique. Il lui faudrait payer s’il voulait se décrocher les neurones. Or il était fauché comme les blés, pas un centime n’ornait son porte monnaie…Loin d’en être démoralisé, Alexandre savourait chaque seconde de liberté comme un bienfait providentiel et peu importait sa condition, il aurait tout le loisir de se refaire, ce n’était qu’une question d’opportunité, il en était sur. Alors, il prenait son mal en patience.

Il n’avait pas été dur pour Alexandre de rentrer chez lui la tête haute. Son père, laxiste  et pas rancunier pour un sou, avait considéré son absence tel le service militaire qu’Alexandre n’avait pas fait pour avoir été reformé, laquelle absence devait lui avoir mis un peu de plomb dans la tête par son caractère initiatique. La prison avait du le rendre plus mur, aussi  n’était-t-il point besoin en son esprit de gâcher les retrouvailles en lui rappelant continuellement ce qu’il considérait comme un événement regrettable, mais pardonnable. Alexandre avait donc retrouvé sa chambre, revu son frère et son chat, et à vrai dire peu de choses avaient changé dans sa famille. Son frère faisait toujours œuvre de sociologie en poursuivant ses études à la fac et son père quant à lui, tenait toujours compagnie à la télévision durant la journée pour être, comme il l’était, toujours au chômage, de plus en plus résigné,  de moins en moins motivé. L’argent ne manquait pas vraiment, sinon par intermittence, quand le père dilapidait au jeu les réminiscences de son ancienne fortune acquise à force de travail, fortune qui fondait comme neige au soleil et que venaient fort heureusement suppléer de substantielles allocations chômage.

Environ une semaine après son retour,eut lieu un événement qui devait bouleverser la vie d’Alexandre . Ce fut un soir de juin, après une journée où le soleil avait baigné l’ouest parisien dans un halo de chaleur dont on se souvient longtemps de l’intensité. Avec son père, ils se rendirent à la pièce de théâtre qu’avait montée la promo du grand frère, en cette veille de grandes vacances. Nicolas le frère bien aimé y interprétait Harpagon dans l’Avare de Molière. Mais au delà du jeu brillant de son frère, ce qui interpella Alexandre fut la jeune fille qui jouait Marianne. S’il avait s’agit d’un film on eut dit d’elle qu’elle crevait l’écran. Sa beauté surtout était ensorcelante : un nez fin et racé, des yeux d’un bleu à se damner, des lèvres sensuelles, un corps parfait. Alexandre trépignait sur sa chaise à chacune de ses apparitions. Ce n’est qu’au couché de rideau qu’Alexandre pu s’approcher d’elle et même l’embrasser sur les joues comme son frère lui présentait les membres de la troupe, tous mordus de théâtre, et dont Bahia, puisqu’ ainsi elle se prénommait, était l’égérie  ; celle, reine de beauté, que tout le monde regarde et convoite, sans que personne de son groupe d’amis n’ait réussi à faire la différence. Ce soir là, Alexandre et Bahia avaient échangé un long regard en se quittant. Alexandre disait des yeux : «  Ce n’est pas fini, nous nous reverrons… Mais qu’est-ce que tu es belle…» Elle, elle sembla intriguée,mais Alexandre ne pu en tirer aucunes conclusions.

La deuxième fois  Alexandre  approcha Bahia lors d’une soirée dans le garage de Gerald, un des membres de la troupe de théâtre. Gerald, son frère et toute la bande du théâtre y organisaient des réunions tardives où ils refaisaient le monde, aussi bien qu’ils devisaient théâtre, littérature, art en générale, musique en particulier (Gerald avait une batterie, des guitares, un micro, et chantait volontiers pour ses amis) ; on y échangeait aussi sur les histoires de chacun, et au milieu de cette troupe d’amis, ou plutôt à son sommet, il y avait Bahia, la très belle. Chacun des garçons la vénérait et été tombé un jour ou l’autre amoureux de ses charmes. Alexandre qui avait été convié exceptionnellement à leur réunion, se demandait comment il pourrait attirer l’attention de celle à qui il n’avait cessé de penser depuis leur rencontre. Car, à vrai dire, tout le désavantageait : il n’était pas sur son territoire, de plus tous les garçons de même que Bahia étaient plus âgés que lui. Et n’était son aura de fripon et de déluré, que personne n’ignorait, pas même Bahia à qui Nicolas avait parlé de son frère, rien, non rien ne semblait pouvoir l’avantager. Tout de même, Bahia, pendant que les garçons parlaient entre eux, avait dénié discuter avec Alexandre, mais en tout bien tout honneur, comme chacun n’ignorait pas qu’elle était amoureuse de Feraz, un jeune dentiste prothésiste qui ce soir là n’avait pu se rendre à leur réunion. Elle était charmante Bahia, et s’épancha volontier sur sa passion du théâtre, des photos qu’elle faisait en cachette pour les magazines de mode depuis qu’elle avait seize ans. C’ était juste un passe temps alimentaire, nullement une vocation. Elle profitait de ses atours, voilà tout, qui ne l’aurait pas fait ? Sinon, elle vivait toujours chez ses parents, lesquels étaient  d’une mentalité un peu austère  d’après elle. Ou du moins, étaient-ils à mille lieux de comprendre ses aspirations. Elle avait choisi des études de sociologie par dépit. Sa véritable ambition se situait ailleurs, dans la sphère artistique : elle aspirait à devenir comédienne. Le théâtre était tout pour elle, même si elle savait la voie périlleuse et quasiment synonyme d’échec et de rupture durable avec ses parents. Sa mère, ouvrière dans un atelier de confection, et son père qui tenait une épicerie, n’auraient jamais compris que leur fille puisse se donner en spectacle devant des inconnus. Du reste, Bahia ne les avait pas invitée pour la représentation de l’Avare. Tout ceci était trop loin d’eux, disait-elle. Alors, Bahia faisait semblant de suivre des études plus ou moins sérieuses, en attendant de s’émanciper , impatiente du jour où elle ferait exactement ce qu’elle voudrait.

Alexandre la fixait en rêvant : s’il pouvait la tenir dans ses bras et l’embrasser, que ne serait-il pas l’homme le plus heureux du monde. Elle était si belle Bahia. Son visage si parfait. Sa douceur et son énergie de jeune femme si adorable. Mais, rien a faire. Elle n’était pas libre et malgré le bonheur- dont Alexandre voulait le croire réciproque – qu’ils avaient à se regarder l’un l’autre, de manière quasi hypnotique, Bahia n’avait rien laissé paraître d’une quelconque attirance pour Alexandre. Du reste, comment  eut-il pu en être autrement ? Bahia était au milieu de ses amis d’un autre âge et peut-être qu’Alexandre – bien qu’il fit de son mieux pour que ce ne fut pas le cas – avait pu lui paraître trop jeune, trop gamin, il l’ignorait. En tous cas, avait-il pu l’admirer longuement, et de prés, assez prés, pour ressentir ce frisson qu’inspire un visage dont on ne se lasse pas de la beauté des traits. Et Bahia avait trouvé assez de point d’intérêt commun avec lui pour désirer le revoir à l’occasion, en qualité d’ami. Alexandre ne pouvait rien espérer de mieux, même s’il nourrissait le rêve secret de la séduire, sans être capable pour l’heure de rien tenter, ni de prétendre à autre chose, tant Bahia semblait si inaccessible, d’une race de femme si lointaine, et de celle qu’on ne peut abuser le temps d’un soir. Non, il se dégageait une aura de cette jeune femme qui intimidait ses prétendants, les rendait maladroit, lourdauds, et finalement réduit à l’état de sujet. Il était dit, depuis qu’elle avait eu l’age de séduire, que de nombreux hommes se battraient pour elle et la placeraient toujours dans cette position avantageuse où elle serait, comme maintenant, entourée d’une cours faite d’un grand nombre de serviteurs, et d’un unique prince vers qui toute la jalousie des autres convergerait. Alexandre savait qu’il ne faisait pas exception à la règle. Pour rien au monde il ne voulait se voir serviteur, seulement l’aventure semblait bien compliquée. Bahia était tout ce qu’il y a de plus vertueuse et fidèle. Et à vrai dire, elle l’intimidait. Alexandre n’en était pas à sa première conquête, mais là le poisson semblait trop grand pour ses filets. Il était intimidé et son cœur battait dans sa poitrine très fort comme lorsqu’il s’était revus chez elle en tête a tête, mais sans qu’il pu rien faire d’autre avec elle que deviser, tant elle paralysait toutes velléités passionnelles en lui. Ce fut l’unique fois où il pu lui rendre visite, profitant de l’absence de ses parents lesquels, sans nuls doutes, auraient reprouvé la venue d’un jeune étranger sous leur toit. Après, ils ne s’étaient plus revus. Soit que Bahia ne le rappela pas, soit qu’il lui paru incongru de l’appeler pour un motif valable qu’il n’avait pas, car à tous prix il voulait ne pas être démasqué , qu’elle sache qu’il venait pour la ravir. Alors les mois avaient passé. Alexandre s’en était retourné à ses anciennes amours, ou d’autre nouvel idylle, gardant dans un coin de cerveau une pensée pour Bahia et son joli minois de Déesse inaccessible pour l’heure,  qu’on oublie pas pour autant.