Une nouvelle fois la Turquie se distingue parmi les pays membres de l’OTAN en proposant une stratégie militaire qui si elle n’aboutit pas vite, risque d’être un bourbier militaire. Plus de 200 000 personnes ont dû fuir les zones attaquées par les forces turques soutenues par des syriens prenant leur revanche sur les kurdes, que le président imbécile, Donald Trump a abandonné à leur sort. Obligeant le commandement kurde à se tourner vers l’armée syrienne loyalistes, tournant ainsi le dos à tout espoir immédiat d’instaurer un Kurdistan dont il y a de cela quelques mois déjà, au sortir de la guerre contre les capitales de l’E.I, Raqqa et Mossoul, lorsqu’il était question que le Kurdistan puisse avoir son référendum, l’Amérique s’était déjà reniée en reniant son soutien aux Kurdes que l’armée Iraquienne envahit après cette défection. Cette fois, s’agit-il des kurdes du nord-est de la Syrie. Eux dont les prisons témoignent de leur rôle crucial dans le combat contre l’état-islamique. Mr Trump malheureusement ne considère pas assez l’enjeu stratégique du contrôle du nord de la Syrie et de la frontière turco-syrienne. Certes, à long terme une guerre économique des E.U contre la Turquie impacterait le fonctionnement de ses institutions et le niveau de vie des turques comme tel est déjà le cas. Mais je crois Erdogan capable par contre-coup d’imposer un chantage permanent aux migrants à l’Europe, pour réclamer le financement par elle de ces implantations de villes entièrement à construire dans le nord de la Syrie conquise, après cette nouvelle phase de la guerre de Syrie.

Les positions tenues par les français dans la zone de conflit, devront-elles être défendues ? Des renforts ont-ils été prévus ? Pour l’heure l’exécutif français ne laisse rien filtrer quant à son rôle dans ce nouveau mouvement militaire d’ampleur en Syrie. L’Afrique ne doit que s’en inquiéter car la Turquie fournit un soutien armé aux factions djihadistes présentes en Libye. Le maréchal Haftar a alerté la communauté internationale, dénonçant l’implication militaire de la Turquie en Afrique du Nord. Mr Erdogan aurait-il pour projet d’utiliser les forces djihadistes une fois libérées des prisons kurdes, en assurant le transfert matériel de leurs combattants jusqu’aux postes lybiens que tiennent déjà ses epigones ? Pour l’heure et tant bien que mal, les kurdes détiennent plus de 10 000 combattants de l’état-Islamique, sans compter leurs familles installées dans des camps provisoires. Profitant de la confusion qui règne dans la région, 800 proches de djihadistes auraient quitté leur camps pour une destination inconnue… La dissémination des combattants de l’état-Islamique est-elle à l’ordre du jour ? Si il s’avérait que par faiblesse la communauté internationale devait continuer à soutenir le camps libyen opposé au maréchal Haftar, les prémisses d’une nouvelle base avant du djihadistes mondiale installée en Libye pourraient voir le jour. Après cette nouvelle phase dans la guerre de Syrie, par le jeu des vases communiquant d’un conflit à l’autre, si la Libye – où l’on soupçonne l’émir de l’état-Islamique, Al bagdadi, de s’y être replié devait abriter un contingent de djihadistes comparable à celui qui s’est bâti un État à cheval entre la Syrie et l’Irak, l’Afrique serait en prise, du nord du continent jusqu à sa ceinture verte, de la Libye jusqu’à l’Afrique subsaharienne, du lac Tchad à tombouctou, du Niger au Cameroun, avec un mouvement militaire dissocié en groupes combattant dont l’Europe peut redouter, si chacun des groupes djihadistes implanté en Afrique réalise ses objectifs, qu ils déstabilisent tout le circuit des routes de la soie désiré par la Chine.

L’union européenne participe au financement des infrastructure en Afrique à hauteur de 1459 millions de dollars, contre 2284 millions de dollars de la part des donateurs arabes du fond saoudien de développement FSD. Là aussi où la Chine, premier fournisseur du continent investit 6413 millions de dollars. L’Europe comme la Chine n’ont donc aucune raison de laisser s’implanter en Afrique l’instabilité dans des régions entière avec des villes importantes sous contrôle d’un islam politique, tant dans la région du lac Tchad, qu’au Cameroun, au Niger ou Nigéria. Compte tenu de la diversité des engagements de chaque groupe djihadiste : l’appât du gain, la possibilité de faire commerce de contrebande d’armes, de drogues, d’otages, l’asservissement d’agriculteurs travaillant pour ces groupes, si l’islam qu’ils disent embrasser ferait croire à un mouvement protéiforme coordonné , on ne peut dissocier le phénomène djihadiste d’un phénomène mafieu, inter-ethnique ou d’opportunités causées par le désordre climatique et la guerre. Reste la menace que fait peser sur les populations cette multitude de mouvements militaires islamisés, de Bokoharam qui signifie  » rejet de l’occident », à l’assassinat des populations doguon dans le lac Tchad, en passant par les Chebab de Somalie, aux groupes capable de frapper jusqu’en Éthiopie. La Chine doit encourager tous les processus qui concourent à la diffusion en Afrique d’un Islam modéré. Ainsi, les autorités religieuse malienne ont-elles pu déclarer que le temps était venu de défendre un Islam modéré s’appuyant sur les valeurs de la Deocratie, et faut-il ajouter un Islam emprunt des valeurs de l’humanisme. Car l’étape suivante, selon la litanie islamiste serait, une fois l’islam radical banalisé en Afrique, le soulèvement des populations d’origine maghrébine implantées depuis plusieurs générations en Europe tel qu’en France ou en Belgique. Les imams les plus radicalises appellent de leurs voeux une telle confrontation.

On ne peut pas présumer de la réaction des populations, mais faut-il anticiper toutes dérives possible. Or, le rôle de la Turquie dans l’accroissement des régions contrôlées par les tenants d’un islamisme radical, qu’il s’agisse du contrôle de mosquée en Europe, ou de zones de guerre ; à l’égal des financements secret du djihadisme international par les monarchies du golf- le rôle de la Turquie est trouble. Ce, depuis le début de la guerre de Syrie. D’abord était-ce le ravitaillement des djihadiste implantés au nord de la Syrie en matériel en tous genres : des colonnes de camion traversant la frontière turque avaient été filmées par la télévision allemande. Aucun responsable turque n’avait clairement expliqué à qui étaient destinés ces convois… On sait, par ailleurs, que la Turquie a facilité la contrebande du pétrole de l’E.I, quand le califat contrôlait une partie de la production syrienne. Et il a été dit que les services de renseignement turque eux-même encadraient le passage des nouvelles recrues étrangères sur le sol turque vers les camps d’entraînement djihadiste. Erdogan joue sur les deux tableaux : l’échiquier du djihadisme mondial où les fonds secrets et les armes qu’il fait acheminer en Afrique notamment, lui permettent d’influencer en sous-main les politiques africaines et étrangères. Et officiellement Erdogan apparaît comme le président d’un pays membre de L’OTAN à part entière. Alors que les derniers événements doivent nous persuader, et particulièrement la Chine qu’Erdogan dupe le monde occidental, sous l’apparence d’un islam démocratique s’accommodant des élections universelles. Suivant une démocratie autoritaire à la turque, où les opposant politiques sont poursuivis, déchus de leurs droits et emprisonnés…

L’armée turque jusqu’à présent à concentré ses forces contre les kurdes du nord-est de la Syrie, sur deux villes frontalières : Ras al-ain et Tal Abyad. Soit au nord est, dans les provinces de Hassaké, et au nord dans les provinces de Raqqa, l’ancienne capitale de l’E.I. Or cette offensive a déjà permis à l’armée russe présente sur le terrain de prendre des positions dans le nord de la Syrie qui, avant, étaient aux mains des kurdes. Tandis que l’armée syrienne loyalistes à Bachar El Hassad vise les puits de pétroles du Nord de la Syrie que contrôlent les kurdes et leurs alliés. Kurdes qui risquent d’abandonner à eux-même les combattants de l’état-Islamique dans leurs geôles, pour affluer dans la zone de conflit direct avec l’armée turque. Car le cessez le feu proposé par la Turquie ne peut être suivi du retrait de la zone de sécurité imposée par les turque. Une bande de 32 km sur 120 km annexée par les turques qui pourrait couvrir 400km de terrain à l’avenir est inacceptable par les kurdes, comme elle couvrirait la quasi totalité des zones sous leur contrôle. Or le cessez le feu qui a été prolongé ce mardi 22 octobre 2019 n’empêche pas les mouvements militaires, ni les tirs d’arme. L’offensive semble avoir cessé seulement. Les turques consolident leurs positions sur la bande de terre déjà conquise. Mais il n’y a pas réellement de cessez le feu, Erdogan transige avec la communauté internationale en réalité. Et l’excès de confiance de Donald Trump dans la réussite d’un accord entre turques et kurdes ne doit pas masquer l’importance du mouvement militaire qui vient de rebattre les cartes dans le nord de la Syrie, en annonçant un possible retour en force de l’état-Islamique.

La Chine, en août dernier, a déclaré à l’onu vouloir faire de l’armée chinoise l’instrument majeur d’une armée internationale exerçant la force partout où il s’agit de rétablir la paix dans le monde. Une force militaire chinoise pour la Paix, adossée aux autres organismes internationaux qui répondent aux urgences climatiques. Comme selon la nature des impératifs qui s’imposeront, l’armée chinoise, dans un futur dont doit décider des modalités la communauté internationale, sera peut être prioritairement employée sur les théâtres à venir de catastrophes climatiques… Au regard des hautes ambitions de la Chine, du rôle à l’échelle internationale qu’elle vise pour son armée ; et compte tenu de la nécessité de maintenir des zones de commerce prospères tout le long des routes de la soie, la Chine manquerait à ses objectifs si elle ne prenait pas en compte l’opportunité stratégique de faire des 30 000 militaires chinois présents sur le théâtre syrien, la force d’interposition, de dialogue entre belligérants, prônant l’instauration de zones de « desescalade » et d’exclusion aérienne, entre russe, américains, français, syriens, kurdes et djihadiste… Mais pour l’heure, la Chine ne devrait pas s’opposer à une riposte américaine, française et syrienne à l’invasion turque, si elle devait se pour suivre. Car personne ne sait ce qu’Erdogan fera lorsqu’il aura le contrôle des prisons ou sont détenus les combattants de l’état Islamique…

Addendum du 27 octobre 2019 : À 14h heure française, Donald Trump à annoncé la mort vérifiée de l’émir de l’ État-Islamique, AL Bagdhadi. Assailli par des forces spéciales américaines dans son refuge du nord de la Syrie, Al Bagdhadi aurait actionné sa ceinture d’explosif…

Le risque de guerre de religion :

Hier, lors du rassemblement de la jeunesse chrétienne en Pologne, le Pape François, en réaction au lâche assassinat du prêtre Jacques Hamel, égorgé froidement dans son église pendant son office mardi dernier, dénonçait la guerre dans laquelle le monde est plongé, en ayant soin de préciser qu’il ne s’agit pas d’une guerre de religion ; mais d’un conflit planétaire fragmenté, motivé principalement par l’accaparement des ressources et la domination des peuples.

Comment omettre, cependant, la dimension idéologique et théologique d’une guerre menée par un mouvement musulman nihiliste et millénariste qui frappe sciemment de par le monde ceux qu’il désigne comme « mécréants », exterminant indistinctement : athées, juifs, chrétiens comme musulmans ?

L’Etat Islamique agit peut-être comme une secte guerrière et terroriste, cette violence qu’il déploie semble tirer ses racines directement à la source d’un Islam, depuis la mort de Mahomet, qui s’est imposé par la force des armes : ses guerres de conquêtes territoriales étant indissociables de son prosélytisme religieux. D’ailleurs : dans un monde dominé par la chrétienté, elle-même non exempte des crimes religieux qui ont, depuis le IIIème siècle après J-C, jalonnés son accès au statut de religion d’état.

Ce prosélytisme guerrier et meurtrier est-il la face cachée et bien réelle de toutes religions ?  Comme si le seul moteur secret de la religion ne pouvait être que la guerre ? Ou bien, peut-on croire qu’un autre courant de l’Islam plus vertueux, pacifiste et tolérant serait capable de supplanter cet islam politique mondial qui gangrène jusqu’à la folie du meurtre l’esprit des jeunes génération ?

Religion et pouvoir :

Une première piste de recherche se dévoile au fil de l’histoire de l’évolution du pouvoir ecclésiastique chrétien.

La religion chrétienne a cessé d’être l’organe spirituel inquisiteur des vies de chacun, régisseur des mœurs, de la bienséance, immisçant dans l’esprit des populations européennes le joug de son despotisme religieux , fondé sur le partage du pouvoir temporel et spirituel entre les rois et les papes successifs, du IIIème siècle jusqu’au XIXème siècle, à partir du moment où les peuples se sont révoltés, après que les penseurs aient insufflé l’esprit de l’Humanisme, tandis que les Etats-nations naissant réduisaient les possessions territoriales de l’institution chrétienne à la part congrue du Vatican .

Car, dès lors que la séparation de l’église et de l’état s’est imposée en Europe, il s’est agit pour le clergé de conquérir des territoires spirituels, lorsque l’horizontalité de sa domination sur les territoires était caduque. Or, force est de constater qu’une religion n’agit pas pareillement selon qu’elle administre des terres et prélève l’impôt, ou lorsque son horizon dématérialisée lui impose de croître dans la verticalité des valeurs et des idées… Car seulement ainsi, la religion peut revendiquer un chemin spirituel offert à tous, par delà toutes revendications matérielles, politiques ou juridiques.

L’histoire de l’humanité et des civilisations est parlante : aucune religion, en se mêlant aux querelles de pouvoir, n’échappe à la tyrannie des instincts individuels ! Là où le culte est imposé de force, le statut privilégier d’une position neutre et apolitique des institutions religieuses, seul capable de répondre par la transcendance aux problèmes de la cité, est impossible.

Aussi peut-on dire de l’Islam qu’il envenime les cités qu’il contrôle plus qu’il n’ en apaise les maux, dès lors que les valeurs religieuses défendues sont dévalorisées par ces hommes qui tirent profit de leur statut religieux et ont tout intérêt à maintenir les foules croyantes dans l’ignorance et la peur , à seule fin de consolider leur pouvoir et leur emprise sur les fidèles. Il est à croire, même, que l’Islam pourrait être délaissé par les prochaines générations , si il ne suit pas l’exemple chrétien d’un culte sécularisé et d’institutions apolitiques… .

Il suffirait pour cela qu’émerge en Occident ou ailleurs une pensée refondatrice de l’Humanisme ayant fait table rase du colonialisme et de l’individualisme; pensée non dupe de l’impasse mentale et économique où nous aura conduit la mondialisation de l’économie dérégulée de la finance, laquelle aura accéléré les replis communautaires de toutes natures en érodant l’oeuvre sociale de nos Etats-nations vieillissant .

Car à cette seule condition pourrait être comblé le vide conceptuel consécutif de la fin des grandes utopies. La mort du communisme et la désillusion qu’engendre le capitalisme ont, sur leur tombe, laissé germer les racines violentes d’un islamisme protéiforme dont la monstruosité montre qu’il ne suffira pas à satisfaire la pensée contemporaine et future .

 

 Vers une réforme incontournable …. :

 

Pour l’heure, l’Islam se satisfait d’autant de l’impasse spirituelle, morale et économique de l’Occident que le sentiment religieux peut prospérer dans le malheur, la misère et la guerre. C’est pourtant une erreur des musulmans que de croire que le rejet  ou la critique de l’Occident suffiront seuls à assurer la perpétuation de l’Islam dans le XXIème siècle qui s’annonce. Car jusqu’à présent, la critique de la modernité, la peur d’assister à l’émancipation des femmes dans la cellule familiale, n’auront conforté que les mouvements les plus rétrogrades et potentiellement violents de l’Islam .

En Belgique, la liberté de financer et d’organiser le culte religieux par l’ Arabie Saoudite, en échange d’accords pétroliers, a conduit à l’expansion de la pensée wahhabite rigoriste et du salafisme rétrograde parmi la communauté musulmane. En réalité les pétro-dollars ont rendu cette expansion planétaire. Mais depuis les années 80, les communautés musulmanes se voient de plus en plus influencées par ces courants minoritaires parents du Wahhabisme et du Salafisme, au premier rang desquels le salafisme radical emprunt d’un islam politique mondial, révolutionnaire, violent et rétrograde, prônant le djihad, le meurtre des mécréants, l’imposition d’une charia mondiale et d’un Califat, signes de l’avènement de la fin des temps .

En france, comment la communauté musulmane peut-elle croire que ses enfants ne continueront pas à perpétrer des assassinats religieux qui stupéfient tous les français, si dans les mosquées continuent à sévir des prêches tendancieux ?

Un article du Parisien relate qu’un homme qui n’a pas désiré divulguer son nom, se disant musulman pratiquant, aurait déclaré, sous couvert d’anonymat ( ce qui dénote combien la peur des représailles est grande dans la communauté musulmane ) , qu’à la mosquée « yahia » de Saint Etienne-de-Rouvray, la ville où a eu lieu l’assassinat du prêtre Jacques Hamel, « des prédicateurs venus du Havre, de Montpellier … venaient régulièrement parler du Prophète aux fidèles »… sous-entendu : inciter les fidèles à agir comme le Prophète a pu agir contre les mécréants.

Si cela est avéré, cette situation révèle une dérive inquiétante de l’Islam en France, dont des prédicateurs radicaux, mobiles, et disposant de financements inconnus, sillonnent les routes pour ensemencer les jeunes esprits de valeurs contraires à la République. Pour ne pas à avoir à utiliser en public des mots comme « djihad », « charia », ils emploient des concepts parents qui ont le même sens et ne sont entendus que par les initiés… Dans de tels cas, le discours religieux participe à provoquer le « déclic » chez le fidèle , qui l’incitera à franchir un palier supplémentaire vers la dérive sectaire , voir l’engagement armé.

Cela n’est pas le cas de toutes les mosquées, mais Dalil Boubakeur, le recteur de la grande mosquée de Paris, a raison de le rappeler : l’Islam, bel et bien, doit être réformé et de nouvelles pratiques dans l’Islam de France peuvent servir de lumière pour l’ensemble des croyants du monde !

Comment, en effet, ne pas comprendre que toutes positions réfractaires à l’émancipation des femmes, tous prêches, par exemple sur l’interdiction d’écouter de la musique décadente, ou tous désirs religieux des imams de réglementer les mœurs des fidèles en portant des jugements négatifs sur les libertés individuelles dont jouissent les citoyens de France, sont autant de mauvais signes adressés au croyant ; empêchant le libre épanouissement de sa citoyenneté démocratique; participant à son repli communautaire, et à l’enferment moral du croyant dans un carcan de concepts étrangers à son ascension spirituelle finalement ? Mais surtout ces discours d’un islam suranné font le terreau de discours beaucoup plus radicaux vers lesquels ils tendent des passerelles dangereuses .

 

Quelle attitude de pensée adopter ? :

 

C’est en engageant un vaste mouvement de réflexion et de concertation au sein de la communauté musulmane que l’Islam de France doit réussir à rompre en lui les liens archaïques qui l’enchaînent à la pensée rétrograde de l’islam radical .

Tous les sujets doivent être débattus selon une approche renouvelée :  le rôle crucial des femmes , l’attitude des hommes croyant envers les femmes ; la relation avec autrui : croyant ou non, arabe ou non ; la liberté et le respect du culte et de la différence d’autrui ; la place et l’influence des autres religions dans l’histoire de l’Islam, afin que chacun prenne conscience qu’aucunes tensions religieuse n’est immuable ; le respect des chrétiens appréhendé par le respect commun attribué à Jésus ; le respect des israélites appréhendé par le respect des prophètes de la Bible hébraïque, auquel enjoint Mahomet ; le rôle et les visées de l’éducation musulmane , car lorsque les enfants d’une religion assassinent les membres des autres religions, les représentants de cette religion doivent nécessairement remettre en question le sectarisme de leur enseignement, et la formulation des concepts théologiques conduisant à l’intolérance religieuse, dont la dérive meurtrière de ses fidèles les plus jeunes est la conséquence majeure. Car plus que jamais : un Istihad mondial est à promouvoir !!

Cette réflexion et cet effort intellectuel  : l’introspection objective des valeurs individuelles et collectives que doit défendre l’Islam moderne pour appréhender la complexité du monde contemporain, notamment cette impossibilité, qui devrait être la norme, à porter un jugement définitif, global et univoque sur l’Occident et les anciens colonisateurs, sans considérer que tous les Hommes sont menacés par cette guerre des ressources et de domination des peuples dont est victime le monde : cet Istihad doit être imminent !

En l’absence manifeste de cette prise de conscience collective de la communauté musulmane, il est à craindre que la toute récente déclaration du « front de libération de la nation corse » ( le FLNC), promettant la violence contre la violence, ne fasse des émules. Et soit les prémices d’une désastreuse, tragique et terrible guerre entre communauté, comme celles que la France a connu, au temps de la  » Saint Barthélémy « , entre catholiques et protestants… .

Ce nouvel attentat contre une cible hautement symbolique – après celui de Nice, contre le symbole de la lutte pour les droits de l’homme et l’égalité entre citoyen : le 14 juillet – l’égorgement du représentant d’un culte chrétien, en pleine prière dans son église, vient-il, ce mardi 26 juillet, de sceller le sort du prochain vote des français à l’élection présidentielle ? Le vote des catholiques se reportera-t-il ostensiblement sur la droite et l’extrême droite en particulier ? La chose n’est pas certaine , mais de plus en plus probable , malheureusement… .

                                 PATRICK RAKOTOASITERA

 

 

Attentats à Paris, contre un avion russe, ou à Beyrouth, en Irak, en Syrie, en chine, en Australie… Hier à Bamako au Mali : la nébuleuse djihadiste mondiale attaque tout azimut, partout dans le monde et sans, jusqu’à présent, qu’ait pu être coordonnée une réponse globale au mouvement idéologique le plus actif de ce début de XXIème siècle. Pourtant l’embrasement généralisé du monde musulman interrogent autant le devenir d’une religion entrée manifestement dans une période d’obscurantisme, qu’il concerne les fondements même des Démocraties du monde incapables de juguler en leur propre sein la révolte religieuse d’une partie de leurs minorités, quand leurs classes politiques semblent également décrédibilisées par leur impuissance à faire des démocraties modernes le lieu où la Loi, par la défense des droits de l’Hommes et du Citoyen, irriguerait toutes les couches de la société, et, au-delà , dans les pays anciennement colonisés, diffuserait un modèle économique et morale égalitaire propre à fédérer la jeunesse du monde…

Car ces organisations extrémistes qu’il faut maintenant combattre, et à quel prix ! – comme maintenant c’est  avec le régime syrien, auteur de crimes avérés contre l’humanité, que la France doit se résoudre à engager une sorte de coopération tacite, puisque l’alliance avec la Russie contre l’Etat islamique suppose de différer la destitution de Bachar-el-Hassad, en tentant de convaincre la Russie de desserrer l’étau autour des positions de l’Armée Libre de Syrie qu’elle bombarde allègrement – ces revirements stratégiques risquent de conforter l’emprise idéologique de ces organisations sur leurs recrues potentielles. Or, avant ici de tenter de détailler les stratégies possibles contre la nébuleuse djihadiste mondiale, faut-il encore interroger l’idéologie du djihadisme pour comprendre comment son emprise mentale peut modifier les convictions démocratiques des plus rêveurs jeunes esprits lettrés, aux plus durs des délinquants s’engageant dans le grand banditisme.

Il se trouve en effet que le discours djihadiste est stratifié en plusieurs niveaux complémentaires concourant à développer chez tout un chacun, croyant ou non, une série de réflexes de rejet tant des médias  des sociétés démocratiques, que de son Histoire telle qu’elle est enseignée aux écoliers et universitaires, afin de provoquer un déclic mentale dans un premier temps, qui fera douter le sujet, le confrontera aux incohérences de la société dans laquelle il vit , et  ira, le prosélytisme religieux aidant, jusqu’à la conversion à l’islam, la religion de Mahomet étant présentée dans cette idéologie comme le seul rempart et le seul avenir.

Le premier niveau idéologique du djihadisme est accessible notamment par internet par une profusion de vidéos tentant de mettre à nu l’existence d’un complot mondiale judéo-chrétien qui aurait fomenter les attentats du 11 septembre 2001, qui manipulerait les médiats et les gouvernements occidentaux, et serait organisé par les « illuminatis » une secte judéo-maçonique dont entre autre Mitterrand et Benoit XVI auraient fait parti. Les guerres contre le monde arabo-musulman étant la principale résultante de ce complot dont l’existence millénaire serait ontologique…

Le deuxième niveau de l’idéologie djihadiste pour lequel les vidéos qui l’alimentent sont encore plus techniquement abouties d’un point de vue visuel, sont constituées de montages esthétisant la fin du monde, la venue déjà réalisée du Maahdi, celui annoncé par le Coran qui , « simple » croyant, sera écouté dans le monde arabe, puis devra battre en retraite face à la venue présentée comme imminente de l’ante-christ, lequel finalement sera anéanti par le véritable Messie allié du Maahdi. L’ante-christ étant soutenu par une entité militaro-industrielle, sous-entendu le monde judéo-chrétien et l’Amérique sioniste en particulier …

Le troisième niveau d’endoctrinement déploie une iconographie beaucoup plus brut. Il suppose déjà la conversion à l’Islam et prépare à l’engagement politique extrémiste en magnifiant la figure du djihadiste héroïque et volontairement cruel : la mort violente infligée aux « mécréants » étant mise en scène et banalisées. Du reste comme cela a pu être le cas en Europe lors des guerres de religions entre protestants et catholiques, lors des quelles l’assassinat des impies était présenté comme un acte politique et religieux … ce qui en dit long sur la  période obscure que traverse l’Islam et avec elle le monde actuel.

Je n’aborderai pas ici la critique de fond de l’idéologie djihadiste : quasiment tous mes travaux de recherche antérieurs s’y emploient, de même que ma peinture elle-même est une ode, un appel à l’élévation de l’âme et une perpétuelle interrogation du « fait » religieux dépouillé jusqu’ à présent dans ma peinture de toutes dimensions idéologiques tendancieuses. Je rappellerai cependant qu’une telle idéologie djihadiste doit être combattue aussi, et peut-être avant tout sur le plan didactique.

Premièrement en développant le sens critique de l’utilisateur d’internet par la mise en parallèle et la confrontation des sources d’informations entre elles. Par l’étude de  » l’histoire critique des civilisations » dont le propre doit être d’identifier les mécanismes commun dans les modes de régulation de toutes sociétés, comme d’un point de vue le moins idéologique et auto-centré possible : l’approche documentée de la diversité des cultures du monde.

Les écoles, les universités doivent former l’individu à la diversité des points de vue des religions en développant une approche où chacun devrait sentir combien la Démocratie fut fondée historiquement afin de défendre la Tolérance envers l’autre et le Respect de ses Droits, sur la base reconnue alors, et toujours à réactualiser, de l’Égalité entre les hommes et les femmes, dans l’Unicité indivisible de l’Humanité qui est l’Idéal de la Démocratie originelle, auquel le Citoyen adhère en âme et conscience… .

Or l’idéologie djihadiste dénie systématiquement l’idée d’Égalité entre les Hommes car le croyant y est toujours représenté si supérieur au non croyant que cela seul justifierait le droit de vie et de mort qu’il s’octroie sur autrui. La condition des femmes car elle est déterminante dans l’évolution des sociétés, est aussi la première à pâtir de la dérive djihadiste. Les lois préconisées pour la gouvernance des États prônant cette  idéologie étant invariablement une Charia que le prophète Mahomet lui-même qualifierait de dépassée et rétrograde au regard de la jurisprudence des constitutions démocratiques …

Mais que de Al-Qaïda à l’État Islamique, en 20 ans les organisations terroristes aient pu se constituer un proto-état : le Califat sunnite irako-syrien, n’aura été possible sans le concours et l’inter-polarité de l’idéologie djihadiste avec celle des frères musulmans, vieille de près d’un siècle, additionnée au courant religieux nommé : Wahhabisme, dont le globe n’aura cessé d’être parcouru, ici et là, jusque dans les campagnes les plus reculées, par le prosélytisme de ses animateurs… l’Islam du XXIème siècle en est sorti marqué comme au fer rouge dans la chair et l’esprit de ses croyants…

Depuis la tuerie sans précédant sur le sol français, les témoignages se font plus précis à ce sujet. En Afrique, les langues se délient. Les responsables politiques reconnaissent que c’est un secret de polichinelle : les organisations terroristes du Mali et plus au sud Boko Haram sont connues pour recevoir des financements étranger d’Arabie Saoudite, terre d’élection du Wahhabisme mondiale. Les aspirants djihadistes y épousent la cause pour des raisons économiques et pas seulement idéologique, puisqu’on leur promet souvent une solde qui aidera leur famille… A un enseignement traditionnel du coran dans l’Afrique de l’ouest, a en effet succédé un wahhabisme faisant de la figure du martyre qui selon la sémantique religieuse traditionnelle est la figure de celui qui subit une injustice et la paye de sa vie – l’objet d’une nouvelle rhétorique selon laquelle le martyre meurt, certes, mais est légitimement en droit lors de la mort qu’il s’inflige ( et non plus qui lui est infligée) d’emporter avec lui les « mécréants » que son suicide condamnent à une mort justifiée. Ainsi est légitimée ce qui est présenté ( sous-entendu : l’attentat) comme une voie d’accès au paradis !

En réalité, le wahhabisme diffusé à coup de pétro-dollars a si bien révolutionné le rapport du croyant musulman à sa religion, et cela un peu partout, que seul des musulmans plus âgés pourraient se rappeler comment , jadis, même le rituel du « salut » était différent entre musulmans, avant que les prêcheurs ne dictent à chacun jusqu’aux moindres de leurs comportements et mœurs à adopter…prêcheurs d’ici et d’ailleurs pour qui l’activité de propagande est si lucrative !

Les historiens clôturent habituellement la Nahda, soit la renaissance du monde arabe, caractérisée par un renouveau intellectuel, la tentative d’ouverture de l’Islam à l’Humanisme et au renouvellement du rôle de la femme en son sein – à la période des années cinquante, car après 1950 l’ouverture intellectuelle avec laquelle il faut renouer, a pris fin pour être progressivement supplantée par un wahhabisme mondiale rétrograde et doctrinale, laissant place à une future idéologie djihadiste, primitivement impulsée par le retentissement mondiale du conflit israélo-palestinien… Du terroriste des années 70 détournant des avions pour alerter l’opinion mondiale, l’idéologie du djihad a fait la pierre angulaire d’un instrument de terreur exportable partout sur Terre, faisant glisser la figure  du terroriste politique vers celle, plus aguicheuse, de l’élu de Dieu appelé à répondre à un haut destin qui donnera sa vie pour  l’Ouma, la communauté des croyant, et l’avènement messianique  du royaume de Dieu. Cela, en insinuant dans les esprits que, si l’ante-christ ne s’est pas encore révélé ( les dernières vidéo l’assimilent plus ou moins à Poutine), le monstre militaro-industriel qui l’accompagne et asservira la Terre, est lui déjà là … Tout concourt donc à centrer cette idéologie sur le théâtre de guerre syrien… .

(à suivre)

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Tout le monde devrait en être informé : au-delà de la dimension éventuellement religieuse des conflits modernes l’appât des gains pétroliers motive toujours les stratégies militaires des parties en présence , tandis que les réactions des populations tendent de plus en plus à être tributaires de conditions climatiques qui , lorsqu’elles sont défavorables, constituent un élément déclencheur de leur révolte…

L’Etat Islamique ou Daesh a vu les révoltés sunnites rallier sa cause pour différentes raisons cependant. A l’origine le mouvement sunnite était composé d’anciens membres du parti Baas de Saddam Hussein, à l’instar de son chef spirituel, le rusé, opportuniste et sans concessions Baghdadi qui s’était replié dans le désert irakien pendant l’occupation américaine. Or, après le départ des militaires américain d’Irak, Nouri al- Maliki , le premier ministre  chiite d’Irak , n’aura eu de cesse de laisser libre court à sa haine des sunnites , en multipliant les arrestations, les meurtres, les injustices à l’égard de la communauté sunnite. Laquelle ,évincée des rangs de la police, l’armée, et confinée à un rôle démocratique mineure, verra nombre de ses membres verser dans l’action armée contre les chiites irakien , après les évènements sanglants d’avril 2013.

En effet, alors que Maliki refuse de partager le pouvoir avec les sunnites, les manifestations se multiplient ; et à Fallouja , en avril 2013 les forces armées tirent sur la foule des sunnites venu manifester, causant une centaine de victimes. C’est le moment pour Baghdadi, le chef de Daesh d’inciter ses partisans de passer à l’action armée. Ses troupes sont aussi maintenant grosse des centaines de prisonniers que Daesh s’emploie à libérer de force comme à Abou Grahib.

Mais le soulèvement sunnite ne sera vraiment à son faîte qu’en 2014, lorsque Maliki fera disparaitre le tribun sunnite célèbre parmi sa communauté pour ses discours enflammés contre le gouvernement chiite. Maliki enverra l’armée pour écraser son camp de tentes : c’est le début du soulèvement sunnite : l’armée irakienne est dépassée. Les troupes de l’Etat Islamique de Baghdadi ne cessent de grossir au point que , dans la foulée, le groupe armé peut attaquer Ramadi et Fallouja…

De plus en plus de journalistes indépendants dénoncent le possible rôle des Etats-Unis dans la montée en puissance de l’Etat Islamique. Ce que l’on peut assurer est que les services de renseignements américains dés 2012, comme les irakiens en 2013 ont alerté Obama  et que celui-ci, soit qu’il n’ait pas voulu réitérer une intervention américaine à laquelle son opinion ne semblait pas favorable; soit aussi que la possibilité d’un redécoupage géographique de la région par une entité militaire autonome sunnite ne semblait pas contrarier les visées géopolitiques de la super-puissance, toujours est-il que Barack Obama fera parvenir à Maliki , pour seule intervention américaine ,des missiles anti-char et  des hélicoptères apaches… C’est une peccadille : le 10 juin 2014  les militaires irakien qui protégeaient Mossoul , située au nord de l’irak, abandonnent la ville d’un million d’habitants , pour fuir devant les attaques de seulement 800 combattants de l’Etat Islamique venus à l’origine assaillir la prison de Mossoul. Baghdadi est sans doute ravi de ce retournement de situation inespéré , car ainsi son armée se retrouve à la tête d’un immense arsenal militaire américain , propre à satisfaire ses désirs de conquêtes : il dispose maintenant de char M1A1 , de roquettes de 155 millimètres en nombre, de cinquantaine de véhicules blindés américain, d’immenses réserves de munitions en tous genres, … . L’Histoire dira si il s’est agit là d’un simple concours de circonstance, en matière de stratégie militaire ce qui semble peu vraisemblable ; ou, plus insidieux, si ce revirement militaire est le fruit d’une action secrète des services spéciaux américains..; quoi qu’il en fut : dans les mois qui suivent,l’Etat Islamique dispose de la force de frappe militaire idoine à faire tomber successivement les villes de Tigris, Qayarah, Al shirqat, hawija et tikrit la ville de naissance de Saddam Hussein.

L’Etat Islamique qui aujourd’hui regrouperait bien 50 000 combattants  aura bénéficié de financements dont il est difficile de retracer exactement l’origine, comme ceux-ci semblent avoir été le fait notamment de monarchies du golfe tels le Koweit, l’Arabie Saoudite et que ces derniers n’ont jamais revendiqué officiellement un tel soutien. Il est probable aussi que dès 2012 l’homme d’affaire Khamis Al Khanjar ait apporté son soutient à l’organisation , sinon à la communauté sunnite irakienne en finançant des chaines de télévisions dédiées à cette obédience et en aidant pécuniairement les manifestants sunnites par la suite. Plus certainement, c’est à la suite de l’envoi en Syrie en 2012 d’une avant garde pour propager le djihad sur les terres de Bachar el hassad , que l’Etat Islamique s’y est montré comme le leader des factions armées sunnites sur le terrain par une stratégie armée judicieuse et payante. Car aussitôt implantés en Syrie, les combattants de l’Etat Islamique se sont attaqués à des cibles stratégiques comme les puits de pétrole Syriens. Et ainsi , l’Etat Islamique a engrangé jusqu’à un million de dollar par jour, dit-on, en faisant commerce de pétrole de contrebande , aidé dans son entreprise, vraisemblablement, par des contacts turques chargés d’effectuer les transactions financières avec les acheteurs… Le rôle d’Erdogan , le président turque, dans l’ascension de l’Etat Islamique n’est pas clairement établi, il demeure que l’Etat turque est fortement suspecté d’approvisionner ou du moins de ne rien faire pour empêcher que par sa frontière soient acheminé vivres et matériel militaire à l’organisation djihadiste… Du reste les villes qui servent de transit vers la frontière syrienne aux aspirants djihadistes internationaux sont bel et bien situées en Turquie… . Concernant le financement de l’Etat Islamique, outre les revenus du pétrole, est fait commerce aussi par l’organisation de coton de contrebande, d’objets archéologiques quand les combattants pillent une ville historique ou un musée . Courant également, le racket sur la personne et la famille de ceux qu’ils enlèvent ou capturent. A l’exemple des africains érythréens enlevés à la frontière de leur pays , conduit dans le désert du Sinaï, torturés, violés afin qu’ils obligent leur famille à payer des milliers de dollars…mais ceci est une autre histoire pour des procédés identiques …  Si on ne sait pas vraiment qui a aidé l’Etat islamique,  est estimé à 2 milliards de dollars annuel, la manne dont a besoin l’organisation pour ravitailler ses combattants , les payer, les fournir en matériels militaires, et assurer une efficace propagande.

Car plus personne ne l’ignore parmi les candidats au djihad du monde entier, depuis le 29 juin 2014 l’Etat Islamique a proclamé la création d’un califat sunnite , à cheval sur la Syrie et l’Irak. Or, en prononçant le 4 juillet de la même année un prêche en exhortant de ses voeux un djihad mondial , Baghdadi le chef spirituel et stratège de l’Etat Islamique savait qu’en devenant calife , il allait attirer à lui les salafistes traditionnels sensés lui prêter allégeance et répondre à son appel en prenant les armes. Et si les salafistes traditionnels constituent 1%  des sunnites du monde , il va sans dire que si ne serait-ce que la communauté salafiste du Nigéria et d’Arabie Saoudite répondait à son appel : plus de 10 000 personnes seraient déjà mobilisées. Cependant et en cela l’Etat Islamique va se démarquer d’al quaida son ancêtre : l’intelligence de baghdadi aura été de développer au sein de son organisation un pôle de propagande déployant tous les outils technologiques modernes. De la vidéo façon jeux électroniques sur la nécessité du djihad mondial ; aux discours d’endoctrinements des recruteurs capables de convaincre même de jeunes étudiants en sciences po; aux circuits de recrutement internationaux fondés sur la prise de pouvoir au sein des mosquées traditionalistes en Europe par des salafistes se présentant d’abord comme des musulmans modernes, puis progressivement dispensant l’enseignement d’un Islam politique, orientant les recrues vers des filières de passage vers la Syrie, quand le candidat musulman ou non, (plus de 20% des djihadistes français seraient des convertis), se sépare progressivement de l’influence familiale, ou si le recrutement a lieu  en prison, quand le délinquant se radicalise à mesure qu’il est convaincu que le combat de l’Islam contre toutes les nations du monde qui serait annoncé dans le coran- est advenu : Baghdadi , l’inventeur de l’ Etat Islamique n’aura pas eu besoin de l’unique appui des salafistes du monde, son organisation recense déjà, semble-t-il, quelque 25 OOO djihadistes internationaux…provenant , par ordre supposé en terme de contingent, de Tunisie, Lybie, Arabie Saoudite, Jordanie, Liban, Iran, Russie, France, Turquie, Pakistan, Royaume-Uni,Egypte,Belgique, Allemagne, Australie… Canada… Chine…etc. La force et l’impact du discours djihadiste s’appuyant sur toutes les méthodes de dépersonnalisation et d’isolement des individus qu’emploient les sectes. Alors que les témoignages des survivants de l’enfer syrien filles comme jeunes hommes , quand ils n’ont pas définitivement basculé dans l’islam des égorgeurs , nous décrivent des embrigadements où le calcul, la manipulation, les menaces font déchanter les recrues qui croyaient porter aide  à la population syrienne. Les jeunes filles passent de main en main, mariées qu’elle sont plusieurs fois pour assouvir l’appétit des djihadistes. Les jeunes hommes sont intégrés dans des unités, soumis à un supérieur qui aura droit de vie et de mort sur eux. Et il faut le souligner , bien peu qui perdent leur illusion à sans doute se sentir tombé ainsi dans le mauvais camp, lorsqu’il devient évident que l’armée qu’ils ont intégré commet des exactions sur les populations autochtones et n’est accueillie dans les villages que par des sourires crispés de peur – bien peu peuvent se sortir du piège mortel où les a conduit leur foi… .

Si Baghdadi n’est pas un croyant musulman comme les autres, parce qu’il ne rechigne pas à faire exercer par ses hommes, meurtres, viols, exécutions sommaires savamment filmées pour sa propagande, en aout 2014 sa stratégie militaire consistant à s’emparer de puits de pétroles pour l’auto-financer s’est tout de même heurtée directement aux intérêts occidentaux , quand il a choisit de s’attaquer aux régions autonomes du Kurdistan irakien, faisant fuir ou obligeant à la conversion les minorités chrétiennes du nord de l’Irak. Car en s’en prenant à Erbil, et en faisant peser sur ses installations pétrolières la menace d’une annexion , c’est aussi bien aux entreprises pétrolières Chevron, Exon, Total,la française, ou gaz prom, l’entreprise russe , aux quelles s’est attaqué l’Etat Islamique. Et si l’on peut constater ce qu’il en coute à un Etat comme la Russie de s’en être pris à Exon en Ukraine, la suite n’était pas difficile à entrevoir pour une organisation qui mettrait en péril plus de 1000 milliards de dollars investis dans la région : d’abord le 14 aout 2014 Maliki le premier ministre irakien était démis de ses fonctions sous la pression des américains ; puis, en septembre 2014 se montait la coalition internationale de 40 pays contre l’Etat Islamique et les campagnes de bombardement contre l’organisation s’intensifiaient… .

Cette guerre religieuse en Syrie et en Irak qui confronte les factions militaires sunnites aux chiites alaouites de Bachar el hassad, et l’Etat Islamique sunnite au chiites au pouvoir en Irak, les uns formant l’arc chiite constitué dans la région par les chiites d’Irak, d’Iran, de Syrie et du Liban , opposé à l’axe sunnite de l’Arabie Saoudite, l’Egypte, la Jordanie, la Turquie et le Quatar – cette opposition semble plus politique que purement religieuse. Au sein du chiïsme existent en effet plusieurs écoles différentes, et chez les sunnites qui sont 90% des 1,59 milliard de musulmans dans le monde, l’unité n’est pas de mise non plus. Par ailleurs des pays comme l’Arabie Saoudite possèdent une minorité chiïte agissante au coeur même de ses réserves de pétrole, et le pouvoir central sunnite n’y est pas quitte de sa minorité qui, déjà en 2011, a manifesté pour la reconnaissance de ses droits à Bahreïn. Le Koweit lui aussi, qui semble avoir financé l’Etat Islamique sunnite pour 30% de sa population est chiïte. Et si la récente répression par l’entrée en guerre de l’Arabie Saoudite contre la minorité houtiste chiïte du Yemen , a pu susciter l’approbation de journalistes sunnites et peut-être d’une partie du monde arabe – il semble être question ici de l’exemple de la rivalité régionale entre l’Iran et l’Arabie Saoudite sur des théâtres d’opération indirects, à l’heure où, bel et bien , toute la région est en proie à un remodelage géographique. A l’est partant de la Syrie et menaçant l’intégrité de la Jordanie, du Liban,  pour s’étendre jusqu’en Irak et à la frontière iranienne. remodelage sur fond d’exacerbation des tensions religieuses, selon une stratégie d’accaparement des régions pétrolifères suivant laquelle tous les arguments sont bons… .

Mais à bien considérer les problèmes de la région, comme les prémisses du  » Printemps arabe », pointent de toutes autres causes en dehors de celles purement religieuses, sociales ou de revendications démocratiques. Et pour cause , en 2010 a sévit une sécheresse sans précédant en Tunisie, en Égypte qui a affecté les récoltes de tous les pays du Maghreb, aggravant  un peu plus les conditions de vie des populations sans que leurs élites n’en prennent conscience. Or si les soulèvements fustigeaient un pouvoir autoritaire de trente ans, le dérèglement climatique auquel la Terre assiste aura joué un rôle. Ainsi de la Syrie, ou dans le nord-est les conséquences de la sécheresse de 2006 à 2010 sur les campagnes ont été accentuées par la baisse des prix des productions du blé et de l’orge principalement ; le morcellement imposé des exploitations ; la décision malheureuse, en 2008, de ne plus subventionner l’achat de gazole  qui s’est traduit pour les exploitants agricoles par des difficultés à puiser mécaniquement dans les réserves d’eau souterraines pour arroser leurs champs ; cela, additionné à une politique d’aménagement hydraulique défaillante à acheminer l’eau des fleuves, l’Euphrate et le Tigre qui passent en Syrie subissant même la deuxième plus importante perte d’eau du monde , après l’Inde, par suite de prélèvement immodérés ; les nappes phréatique syrienne étant elle également en baisse – l’on comprend mieux comment ces désagréments climatiques ont contribué à l’exaspération de toute une population, ainsi fragilisée dans la satisfaction de ses besoins primordiaux. Or, si dans la région, il semble qu’Israël avec la découverte récente de gaz en mer Méditerranée puisse à l’avenir procéder plus facilement au dé-salement mécanique de l’eau de mer , et ainsi réussir à maintenir le niveau actuel d’irrigation de son agriculture et des besoins en eau de ses habitants. Le réchauffement climatique s’avérera encore source de nombreux désordre intérieurs pour les pays du printemps arabe notamment , comme le rapport entre les disponibilités en eau et les besoins est et sera très défavorablement défaillant, ou défaillant, tant au Maroc, en Algérie, en Lybie, qu’en Syrie, en Jordanie, en Irak, au Koweït, en Arabie Saoudite , en Afghanistan, en Ouzbékistan,..  .  En Egypte , l’accord avec le Soudan sur le traité de 1959, qui stipule un partage organisé des ressource hydrauliques du nil se voit, lui, contesté et notamment par la puissance régionale montante qu’est l’Ethiopie.  Et pour la Turquie , laquelle espère étendre ses surfaces agricoles irriguées, il n’est pas dit qu’elle n’entre pas en conflit d’intérêt avec les futurs dirigeants de la Syrie, et plus en aval l’Irak comme les mêmes fleuves alimentent l’agriculture des trois pays.

Ainsi, sous nos yeux, sont apparus les trois maux du XXIème siècles : la guerre des religions pour un monde dont il a été prédit qu’il serait spirituel ou non, laquelle guerre semble instrumentalisée sous couvert de l’accaparement des ressources pétrolifères  par les grandes multinationales , dans le dénie le plus complet de la détérioration des conditions de vie des populations du monde , par suite du changement climatique , dont certain experts annoncent déjà qu’il précipitera sur les routes de l’exode jusqu’à 250 millions d’êtres humains… .

patrick Rakotoasitera

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