IV: Lettre du Président honnoris causa de l’Europe à monsieur le Président des Etats-unis :
Monsieur le Président des Etats-Unis Donald Trump ,
Votre décision de vous retirer des accords de Paris sur le climat, est la plus mauvaise décision que vous ayez eu à prendre .
Nonobstant le fait qu’il faudra au moins quatre ans aux Etats-Unis pour quitter la COB 21, si tel est votre but, et que vous ne serez plus à la tête de l’Etat pour suivre d’effet votre projet funeste – la défection de la première puissance mondiale du projet le plus ambitieux et le plus crucial pour l’avenir de l’Humanité, est le signal le plus pitoyable que vous puissiez adresser au monde et aux générations futures.
Croire que l’Amérique pourrait renégocier un accord plus avantageux, c’est à dire , selon vous, moins coûteux pour l’Amérique est une nouvelle démonstration du caractère rétrograde et de peu de grandeur de la perception du monde que porte la politique de votre gouvernement.
D’ailleurs comment comptez-vous faire pour convaincre 195 pays , liés par les accords de Paris , de détricoter ce qui a été voté à l’unanimité ?
Mais surtout, quelle ironie ! Votre volte face, dites-vous, n’est guidée que par le souci de rendre sa grandeur aux Etats-Unis en améliorant le niveau de revenu des américains les plus pauvre ; or cette décision peut se lire aussi comme le honteux déni de responsabilité des grands industriels, des financiers et des lobbys des énergies fossiles qui, parlant à travers vous, chercheront toujours à maximiser leurs gains à travers le monde, au détriment des conditions de travail des plus pauvres de leurs salariés, dans une course folle et effrénée à l’accaparement des terres arables, à l’exploitation sauvage des forêts ; tout en cherchant à minimiser par tous les moyens les lois internationales imposant des contraintes sur les conditions de leur exploitation des hommes et des ressources de la Terre.
Quel cynique êtes-vous donc ? Est-il possible que vous ne soyez pas conscient du danger qu’il y a pour l’homme à exploiter les ressources de la Terre comme si il vivait sur sept planètes en même temps ?
Et dans l’hypothèse ou oui, pour vous, seul le court terme compterait, ne vous trouverez-vous pas honteux et ridicule si une catastrophe climatique majeure venait à déréguler l’économie mondiale, avant la fin de votre mandature ?
Un seul exemple. La pollution des mers et la sur-exploitation des ressources maritimes pourrait très bien causer prochainement et soudainement une raréfaction du poisson disponible, si grave que même les consommateurs des pays les plus favorisés pourraient être confrontés à une hausse des prix rédhibitoire pour les revenus les plus modiques .
Mais ce qui serait une pénurie pour l’ensemble des citoyens est dors et déjà une pénurie de ressources économiques pour les plus pauvres, qui les condamne à une consommation alimentaire de qualité médiocre, facile et peu onéreuse à produire par l’industrie agro-alimentaire.
Cette pénurie des ressources monétaires savamment orchestrée, est le pendant nécessaire de l’exploitation irraisonnée des ressources de la Terre, sur lequel repose le paradigme économique rétrograde que vous, et les cercles d’influences qui vous soutiennent, défendez .
Le cercle est vicieux. En réalité, il est généralisable à quasiment tous les secteurs industriels. Comme les industries tirent leurs bénéfices des économies d’échelle : plus elles vendent, moins les constituants de leur produit, achetés en grande quantité, leur reviennent cher. Moins le produit leur revient cher, plus elles sont concurrentielles et peuvent en vendre … etc. La production qualitative est donc à priori incompatible avec la production de masse, car le produit vendu n’a plus besoin d’être solide, bon et sain ou même durable : il doit quasiment seulement être moins cher pour être consommer en masse. Et cette aporie économique des prix bas et des produits de peu de qualité est entretenue, et entretien une politique mondiale de bas salaires dans chaque pays et d’un pays par rapport à l’autre, comme l’accumulation des profits implique de toujours réduire les coûts de production, en l’occurrence les salaires, toujours pour vendre plus et moins cher.
Dans ces conditions, ce modèle de consommation de masse est préjudiciable à l’Humanité a double titre. D’abord parce que c’est un euphémisme de prétendre que l’Humanité, sans cesse confrontée à des produits de faible qualité, creuse sa tombe avec ses dents ! Ensuite, car ce modèle qui néglige ses consommateurs est incapable, sans intervention politique, ou prise de conscience individuelle de ses décideurs, d’exploiter une ressource modérément ou durablement. Sans que la concurrence et la possibilité d’une forte demande ne poussent tous les producteurs à exploiter frénétiquement la même ressource , quelle qu’elle fut, jusque sa disparition complète.
Seule la prodigalité de la Terre ayant permis jusqu’à présent de palier à l’épuisement local des ressources, en permettant d’exploiter ailleurs, dans une autre région, un autre pays, voir un autre continent la ressource qu’on a épuisée. Car ce système économique est totalement tributaire de la disponibilité de la ressource et de son accessibilité. Tous les industriels étant prêts à courir le monde pour dénicher la matière première ou les travailleurs qui lui coûteront le moins cher.
Et même lorsque la ressource devient difficile d’accès, rare et chère, le consommateur, si il est prêt à payer plus cher, préférera le plus souvent cette alternative plutôt qu’une réduction volontaire de sa consommation…
L’éveil de la conscience collective des consommateurs est un phénomène récent, sur lequel doivent s’appuyer les politiques des Etats afin de créer une économie mondiale vertueuse, gagnant gagnant, et pour le consommateur et pour les petits producteurs. Car cette nouvelle forme de consommation semble devoir réussir à influencer la production de bien de consommation de masse en imposant un impératif de qualité accrue et un cahier des charges plus respectueux de l’environnement aux industriels. Mais sans impulsion politique , il y a peu de chance que la révolution des modes de consommation individuels modifient le rapport de force entre industrie agro-alimentaire et consommateurs dans le sens d’une réduction des inégalités d’accès aux biens de consommations les plus sains et durables.
Même si vous n’en avez cure, le ridicule de votre présidence, monsieur Donald Trump, n’aura d’égal par l’ampleur que le jugement sans concessions que porteront les générations futures sur vos choix politiques.
En dépit de ce que vous pensez : le monde veut s’engager sur la voie d’une révolution des modes de consommation et de production qui, seuls, infléchiront le destin funeste que notre civilisation se réserve si elle ne change pas.
Votre attachement à un modèle d’exploitation des ressources suranné est d’autant moins défendable que vous puissiez le justifier en arguant qu’un budget trop important consacré à la lutte contre le changement climatique pénaliserait les américains les plus pauvres. Quelle blague !! Il ne devrait pas s’écouler trop de temps avant que l’Amérique ne se rende compte combien vous vous moquez d’elle .
Car si la preuve était à faire de la collusion de votre gouvernement avec l’oligarchie financière des Etats-Unis, j’espère avoir démontré ici que la preuve n’est plus à faire.
Déclaration paradoxale : ce sont les dirigeants de grande multinationales américaines qui viennent hier de condamner votre posture. Comme si, malgré l’exploitation sauvage des hommes et des ressources auxquelles leurs industrie se livrent, une partie des dirigeants américains avaient pris conscience du grand danger que la situation climatique fait peser sur l’ensemble du business mondial.
Car il n’y aura pas de redistribution de la richesse si les industriels persistent à négliger la pollution qu’engendre la production. Sans maîtrise des gazes à effet de serre, le réchauffement engendrera des inondations pouvant rayer de la carte des territoires entiers.
Aussi le devoir d’un président moderne réside essentiellement dans la préservation, le maintien et l’accroissement du bien commun, aussi bien que de sa mise à disposition de l’ensemble des citoyens.
Cela implique de légiférer pour réguler le bien privée et modérer les tentatives de monopolisation des ressources par les acteurs privés de l’économie de marché dérégulée.
Le bien commun ne doit , par ailleurs, plus être une notion restrictive à une nation. La mission historique la plus urgente des dirigeants politiques du monde étant de conférer un statut juridique au bien commun appartenant à tous les hommes et à aucune nation en particulier. Considérer les forêts , l’eau, l’atmosphère, le climat, la Terre comme le bien commun de l’Humanité est essentiel.
La mission est immense et requière la participation de la majorité des Etats, et le soutien et le consentement de l’ensemble des peuples. Pour espérer influer sur la guerre économique que se livrent les sphères industrielles et financières du monde, il faudra que puissent être ériger des remparts juridiques capables de freiner la frénésie destructrice inhérente à l’économie de marché dérégulée.
Instaurer par exemple un statut juridique universel pour les arbres, les animaux, les populations autochtones des régions menacées par l’exploitation industrielle acharnée, est primordial .
La refondation du système mondial de l’assurance permettant de débloquer des fonds allouables aux pays victimes de catastrophe climatique, durant les prochaines années, nécessite la création d’un fond commun, à la constitution duquel l’Amérique ne devrait pas se dérober.
Car, grâce à ce fond; si juridiquement nous arrivons à solidariser chaque ressources les unes avec les autres ( les forêts tropicales, les forêts primaires, telle espèce menacée, etc ) ; lorsque n’importe quelle société d’exploitation ou Etat tentera de s’approprier un bien commun universel , pour en tirer bénéfice, sans gains écologique, ou juste rétribution des populations autochtones, – allant de paire avec la constitution d’un « fond vert » par la COB 21 – c’est tout aussi bien une cour de justice internationale dévolue aux crimes et délits écologiques, qui pourrait être mise en branle à l’avenir.
En dépit de vos assertions monsieur Trump, les citoyens américains doivent être conscient de ce que la participation financière requise des Etats-Unis n’est pas une extorsion injuste, mais bien un compromis à la hauteur de la responsabilité de l’Amérique qui, triste titre de gloire, s’avère le deuxième pays au monde en terme d’émission de pollution.
Pour finir, rappelons combien la concertation des pays du monde peut être bénéfique . La régulation concertée et à l’échelle mondiale de la production des aérosols responsables de l’aggravation de ce qui fut nommé » le trou dans la couche d’ozone », il y a une décennie, aura permis la reconstitution de la couche d’ozone qui enceint la Terre. Plus personne n’en parle aujourd’hui car le problème est en voie de résolution. Il pourrait en être de même du réchauffement artificiel du climat, soyez en assuré .
Aussi, ne rejetez pas les accords de Paris sous prétexte de vouloir protéger les emplois générés par l’exploitation des énergies non renouvelables. Fonder l’économie sur l’utilisation d’énergie renouvelable et moins polluante est le défi majeur de l’Humanité du XXIème siècle. Cela générera la création de million d’emplois à travers le monde ; et constitue le seul levier humain, l’ultime chance de contrecarrer le réchauffement climatique annoncé …
Patrick Rakotoasitéra
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