Il m’aura fallu deux jours de réflexion, à tergiverser devant la toile, incapable de décider si je devais peindre le décors de mon dernier tableau de manière impressionniste, ou, suivant l’exécution déjà réalisée des personnages, si je devais peindre d’une manière plus classique. Rien ne sortait de mon pinceau. Je restais comme pétrifié devant la toile, mi-hypnotisé, mi-inconscient et perdu dans les méandres colorés de rêves de bord de mer lointain dont aucun ne suffisait à me restituer mes certitudes. Épuisé par ces agitations neuronales stériles, je reportais au lendemain le désiré festin de couleurs. Et dès le matin je me jetais sur mes pinceaux et, à coup de traits vifs, nerveux, et sûrs je créais ce paysage imaginé des côtes indonésiennes luxuriant de végétation, dont ne manque, à ce jour, que la peinture du ciel et de cette plante, la  » monstera » , dont sur la gauche du tableau se devine la silhouette vierge de peinture.

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Pour ce qu’il en est des personnages du tableau : ils sont peints. Voici les visages des protagonistes finis : d’abord le chef Papou, métaphore du Christ supplicié ; le bourreau qui le poignarde; puis son complice, chétif et au regard mal assuré et plein d’interrogations ….

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Voici maintenant le troisième personnage que j’ai choisi de représenter torse nu comme le chef Papou …

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Utile pour comprendre la scène et d’où est tirée cette interprétation de CARAVAGE : la photo du tableau original prise au musée de Rouen, suivie d’un cliché du même tableau, d’une copie ou peut-être de l’original, ce qui signifierait que la version que possède le musée de Rouen est une copie, d’ailleurs peut-être de CARAVAGE lui-même. En tous les cas l’on remarquera les différences : notamment les muscles mieux dessinés sur la deuxième version et d’autres détails qui n’apparaissent pas sur la photo que j’avais prise.

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Voici enfin le tableau tel qu’il est avant peinture du fond, qui, c’est décidé, montrera les côtes de la Papouasie-Nouvelle-Guinée baignant ( si possible) dans une lumière crépusculaire ou d’aube, au moment où le soleil se levant, les côtes sortent de l’ombre, leurs arêtes venant juste de pénétrer dans l’aube ; la scène étant éclairée par une lumière oblique, jaillie depuis la gauche de l’horizon…

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Le clair-obscur tel que le travaille CARAVAGE, dont je me suis inspiré du tableau représentant la flagellation du Christ exposé au musée de Rouen –  s’apparente à une saillie de lumière pure dans une scène baignant dans l’ombre et l’obscurité que Caravage peint en utilisant des noirs profonds ; la lumière éparse se déposant délicatement sur les membres et les visages qui, en sortant de l’obscurité, confèrent aux sujets bibliques choisis par Caravage, une dimension lyrique, spirituelle, solennelle et profondément grave qu’aucun peintre n’a vraiment réussi à égaler . Je suis , pour ma part, trop peu habitué à utiliser avec brio le nuancier des gris et des couleurs à l’huile noires pour croire que je puisse être ce peintre ; par ailleurs qui pourrait être GUILLAUME BRESSON, lequel peintre contemporain,  possède un véritable doigté pour traduire réalistement des scènes de guérilla de rue, ou de bagarres violentes se déroulant dans d’improbables parkings souterrains,  lui offrant des occasions saisissantes de peindre en clair-obscur des scènes d’un réalisme époustouflant…  Plus modestement, j’ai peins le deuxième personnage de mon tableau « assassinat d’un chef papou en Indonésie », en  me demandant, au vue de ce que j’avais déjà peint du chef papou supplicié, si je peignais réellement du clair-obscur. Il ne m’ apparaît pas du tout naturel de jouer avec le contraste violent du noir et des clairs, pour obtenir mes effets, quand, habitué à travailler les ombres qui pourraient se projeter sur mes personnage avec de la couleur,  je remplace habituellement, en effet, plus volontiers un noir par une teinte moins claire de la même couleur que je viens d’utiliser, ce qui, dans mes précédentes créations conférait une certaine ambiance par laquelle, le réalisme de l’éclairage laissait généralement place à une lumière irréaliste, chaude et lumineuse en même temps qu’orientant la sensation vers l’appréciation du travail sur les couleurs… Or, pour ce tableau, je n’ai pu m’empêché de nuancer les noirs profonds en les remplaçant par des gris, là où Caravage excellait à poser des couches d’un intense noir ; et pour les ombres se portant sur un vêtement de couleur, je me suis borné à noircir ou, du moins griser mes couleurs, ne réservant le noir  d’ivoire que pour les parties où les ombres s’ajoutent, comme par exemple lorsque deux corps se font face.

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Je remarque que pour peindre ce tableau, alors qu’habituellement j’emploi des pinceaux très fins, je me suis cantonné, là, à brosser mes personnage avec des pinceaux moyens, réservant l’emploi du pinceau zéro ou très fin à la peinture du collier et des plumes du papou. Mon souvenir du tableau de CARAVAGE n’est plus certain, cependant je n’ai pas souvenance  que Caravage y ait grandement employé des pinceaux très fins pour le réaliser, au contraire des clairs-obscurs de REMBRANDT dont je viens de voir l’exposition au musée Jacquemart André. REMBRANDT est cet autre maître du clair-obscur qui a vécu au XVIIème siècles, dont je ne peux m’empêché de louer le génie et l’habileté de dessinateur, en admirant l’exceptionnel labeur sur certain clair-obscur, si saisissant de réalisme émotionnel, nécessitant une minutie et une dextérité au pinceau bien souvent sans égal. Et quel mérite n’attendant pas le nombre des années chez Rembrandt ! : à 21 ans, il peignait une petite toile du repas d’Emmaüs, où Jésus est reconnu par ses fidèles, après sa résurrection, suivant un clair-obscur déjà sublime d’originalité. Pour ma part à seize ans mon premier tableau à l’huile n’était qu’une « réussie » copie de photo, de chasseur de miel d’Amérique centrale ; et à Treize ans, (voir ci-dessous) une tout juste passable peinture à l’eau de Adam, pour laquelle mon frère aîné se fit modèle d’un jour.

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En comparant les techniques du CARAVAGE et de REMBRANDT, je me dis que mon tableau gagnerait en originalité si j’employais des pinceaux très fins pour peindre les visages en usant de touches directionnelles afin de suggérer l’épaisseur de la tête des personnages, je laisse en effet juge le lecteur de ce que en l’état mes visages sont un peu plats et irréalistes…

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Par contre, je crois profondément que mon hommage à CARAVAGE serait pleinement original et surprenant si je réussissais à concilier clair-obscur et manière post-impressionniste. Les peintres impressionnistes – si les maîtres du clair-obscur sont ceux qui ont sculpté la lumière avec des nuances de noir- sont ceux qui ont le mieux traduit géométriquement et avec quelle sensibilité !, la lumière du soleil. Incapable d’apprécier et de réaliser des clairs-obscurs marqués, je veux dire où le noir contraste avec les clairs et baigne la scène représentée dans l’obscurité ou la pénombre : je suis persuadé de réussir à contrario à représenter une scène se déroulant le jour à l’aube ou à l’aurore, bien mieux et, dans un décors naturel qu’il faudrait abouti, que si je me contente de recouvrir la toile de noir autour des personnages. Or, ce sera la gageure de mon hommage à CARAVAGE : peindre la lumière du jour et du soleil et ciseler des ombres propre à la lumière ambiante, là où l’original est une scène comme extirpée d’un néant obscur et profond et intemporel, pour le resituer en un lieu défini( les côtes de l’Indonésie) et en un autre temps, celui actuel de l’oppression des papous … à suivre donc.

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Chers lecteurs, et lectrices du site, je n’ignore pas que vous semblez délaisser la fréquentation du blog, sans doutes pour la raison que depuis des mois, précisément depuis que le classement du site dégringole, je n’écris plus d’articles de fond.

Je ne retranscris plus l’actualité, ni ne vous présente autre chose que des articles sur la peinture : que les déçus me pardonnent, je ne fais que peindre et si l’actualité me fait réagir c’est bien seulement dans le secret de mon tréfonds intérieur.

Certes, alors qu’à ALEP en SYRIE, l’armée de Bachar el Hassad massacre les insurgés, j’aurais pu écrire, que dis-je crier, dénoncer une stratégie militaire qui bouscule, foule du pied allègrement les conventions de Genève. J’aurais pu essayé de faire savoir aux lecteurs russes comme il est honteux qu’une armée, non contente d’utiliser de nouvelles armes, capables de s’enfoncer dans le sol, d’exploser en grondant comme un tremblement de terre et d’emporter, d’effondrer des immeubles entiers – que cette armée et ses généraux méritent d’être conduits devant le tribunal pénal international, car, sans pitié, cette stratégie consiste à bombarder les écoles et les hopitaux et les marchés et les réseaux d’approvisionnement en eau … que l’ennemi crèvent de soif, de faim, de peur et de terreur et soit broyé dans le feu hurlant ….

J’aurais pu parler de cette campagne présidentielle américaine dont les protagonistes laissent l’électeur incrédule et dépité, hésitant à choisir ou ne pas choisir entre le choléra, la brutalité et l’imbécillité, et l’incarnation de la compromission politique que,bientôt, le fondateur de wikileaks a promis de confondre et faire chuter…

J’aurais pu… J’ai pourtant décidé d’ouvrir une lucarne sur un monde méconnu, un monde absent, oublié des scoops de l’information : le monde des Papou de Papouasie-Nouvelle-Guinée, morceau de terre splendide annexé par l’Indonésie.

Mon tableau doit décrire une scène qui a lieu la nuit, en un endroit un peu reculé, bien isolé des regards : deux hommes, sans doutes des militaires, vont poignarder un chef Papou.

Pour réaliser cette violente scène, une fois n’est pas coutume, je réalise une réinterprétation d’un tableau de CARAVAGE, le génie du clair-obscur. Comble des combles pour moi qui jusqu’à peu bannissait l’emploi du noir et des ombres dans la représentation de mes sujets…

Je me suis inspiré du tableau qui montre trois hommes : le Christ et ses deux bourreaux, dont l’un semble s’apprêter à le flageller. Là le Christ devient le chef Papou et son agresseur enserre dans sa main un couteau, il va le poignarder dans le dos.

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Chose étrange, alors que je crois tenir le modelé du torse de mon Papou, un cliché photographique va tout remettre en question. Mon ami, Lionnel qui aime a suivre mon travail et me conseiller dans l’exécution de mes tableaux est émerveillé devant le résultat. Le modelé, l’épaisseur du torse, la lumière, la façon dont la carnation est rendue: tout lui plait, (ce qui d’habitude n’est pas le cas, quand je commence un tableau). Je lui dis que je suis aussi satisfait, mais mon tableau représente un blanc et les papous sont noirs, donc certainement que j’aurais des corrections à effectuer.

Par acquis de conscience sur son portable, Lionnel consulte les images correspondant au travail de CARAVAGE, comme il méconnait son oeuvre . Et là, catastrophe!, il tombe sur une reproduction du tableau. Je suis stupéfaits : la photo que j’ai faite, je l’ai réalisée au musée de Rouen, or elle semble plus claire, les abdominaux du Christ y sont pales, pas cernés d’ocre, ni saillant comme dans sa reproduction qui confère à la scène une impression de vif lyrisme. Les muscles du Christ y sont indiscutablement plus perceptibles et présents… Je suis dépité : mon travail est en comparaison assez médiocre et insipide.

J’attends une journée, en réfléchissant, perplexe et un peu déçu… Le lendemain, je commence par le drapé que je fais violet. Puis j’entame le torse à coup d’ocre et de rehaut marron clair : je suis décidé à donner de l’intensité à mon Papou, en me rapprochant d’une carnation foncée, forcément ce qui m’éloigne du modèle de CARAVAGE, comme les peaux noires ne  réfléchissent pas la lumière identiquement aux carnations des peaux blanches.

Le résultat, ci-dessous, sans qu’on puisse dire qu’il s’agisse fidèlement d’un papou , montre , en tous cas un personnage qui n’est pas blanc. Mission presque atteinte…. .

2016-10-05-17-31-58vue d’ensemble :

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TABLEAUX SIGNES ET DATES DE PATRICK RAKOTOASITERA

« Révolte papoue en Papouasie-Nouvelle-Guinée » 2016
65 X 80 CM HUILE SUR TOILE

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DETAIL :

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« Papoose Genocide » 2016 70 X 100 CM
HUILE, FEUTRE, PASTEL SUR BOIS :

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« INITIATION CHAMANIQUE » 2016 60 X 73 CM HUILE SUR TOILE :

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« ABEL ET CAIN » 2015 70X70 CM HUILE SUR TOILE :

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« LIONS » 2016 36X136 CM HUILE SUR BOIS :

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« ELEPHANTS » 2016 48X97 CM HUILE SUR BOIS :

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« L’ARBRE DE LA PAIX » 2016 56X207 CM HUILE SUR BOIS :

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DETAIL :

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« DANSEURS AFRICAIN AU TROCADERO » 2015 65X81 CM
HUILE SUR TOILE :

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« LA FAMILLE DE NOE » 2013 80X145 CM HUILE SUR TOILE :

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« EVE, CAIN ET LES ESCLAVES » 2OOO 136X210 CM HUILE SUR TOILE :

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« L’ALLEGORIE DU SECRET DU POUVOIR DE L’ECRITURE » 1995
TECHNIQUE MIXTE SUR TOILE 100X120 CM

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Voici quelques tableaux que j’ai réalisés cette année où celle d’avant. Je remarque que ce que je crois percevoir de la situation du marché de l’art et de l’attente des collectionneurs m’a globalement engagé dans un processus créatif plutôt plus appliqué et minutieux que mes réalisations des années 90 et 2000 , lorsque mon travail était encore tout dominé par l’influence de Matisse, des fauvistes et des impressionnistes. Du reste, la partie de mon travail qui a le plus retenue l’attention de la maison de vente Piasa est précisément celle où la manière est réaliste, voir  » très » réaliste et exécutée avec des pinceaux très fin. Exit Matisse et sa simplification des formes, ironie de la vie : il semble que chez moi l’autodidacte, ce que l’on recherche soit mon travail le plus maniéré. Ironie de peintre : alors que cette façon de peindre me mangeait tout mon temps et risquait de ne pas me permettre d’atteindre ce nombre conséquent de productions en fin de carrière, qu’on peut espérer d’un peintre, soit entre deux cent cinquante et quatre cents créations – il se trouve que remarquant que la plupart des gens préféraient les tableaux « un peu appliqués » j’ai, depuis, appris à les exécuter presque aussi rapidement que ceux inspirés de Matisse et bien sûr de Picasso, lesquels, en revanche, ne me demandent guère plus à ce jour qu’une ou deux séances, certes ultra-énergiques… .

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Alors que j’ai déjà peins tout le haut du tableau  » révolte papoue », je me suis attaché à brosser le personnage du premier plan, le policier indonésien, ici, spectateur un peu perplexe de cette révolte papoue dont, hasard de l’actualité : un ami m’a dit avoir entendu parler comme en Papouasie nouvelle Guinée des troubles viennent de débuter entre papous et autorités désireuses de taire aux yeux du monde la situation désastreuse et indécente des papous , considérés comme des citoyens de seconde zone, maintenus dans des réserves, quand leur pays , la Papouasie Nouvelle Guinée a été envahie par une Indonésie bien heureuse de faire main basse sur autant de richesses minières….

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Pour le sol, j’ai commencé par peindre une série de cercles jaunes, entourés de vert figurant la verdure tachetée de lumière, après avoir fait baisser d’un ton la fumée s’échapant des fumigènes qui flotte à hauteur des hanches des Papous, en ajoutant du blanc sur une fumée trop nettement rouge et orange dont la teinte nuisait à la bonne distinction des corps des papous, car trop proche de la couleur ocre de leur carnation.

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Magie des tableaux peints sans croquis préparatoires ni esquisse peinte, lorsqu’il m’a fallu m’attaquer au premier plan où je devais changer la teinte de l’herbe pour un vert plus sombre afin de figurer une sorte de pente, l’idée a surgie de réaliser une étendue d’eau qui séparerait le groupe de manifestants du policier : voici en gros plan, à hauteur de jambes, le résultat de la partie gauche du tableau.

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La partie droite :

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Et maintenant l’ensemble du tableau dont ne me reste plus à finir que les shorts et les chaussures de mes révoltés.

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Un ami m’avait suggéré de toujours peindre de manière ascendante, soit de partir du meilleur pour atteindre un niveau encore supérieur. Ne jamais régresser et s’attacher à toujours se dépasser , en prenant la dernière toile peinte comme référence à surpasser. Avec le peinture  » papoose revolte » j’ai l’impression d’abonder dans ce sens.

Si les effets de peinture que j’escompte réaliser sont réussis, il se pourrait que ce tableau devienne la nouvelle référence de mon travail plastique. Le sentier à suivre est encore compliqué cependant. J’ai tout juste terminé les torse et les jambes de mes révoltés et maintenant suis-je aux prises avec ce qui demande doigté et sensibilité : la lumière.

Certain corps , comme ci-dessous sont un peu rigides, mais l’impression d’ensemble est convenable. Ce qui augure un travail de retouche centré presque exclusivement sur les effets de lumières sur la carnation.

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A première vue la composition semble équilibrée et sont perceptibles à ce stade de réalisation les manières dont les rayons de soleil sont supposés venir illuminer les corps, par un effet de gauche à droite : les personnages brossés avec des teintes plus jaune-orangé indiquant qu’ils sont traversés par un rayon de lumière non encore matérialisé.

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Aussi ai-je entamé la peinture de la visière du casque du C.R.S situé sur la droite du tableau.2016-08-09 18.38.36

La visière étant transparente sa réalisation est un assemblage géométrique dont la première étape consiste à poser des teintes en suggérant les reflets de la visière, sans ici que le travail puisse être réalisé en une seule fois, comme la technique « alla prima » qui consiste à peindre dans le frais, soit lorsque la couche n’est pas encore sèche, est inadaptée pour un motif nécessitant plutôt des couches de « glacis », soit des superposition de couches plus ou moins fines, là sur un support sec pour ne pas que les teintes se mélangent trop.

Voici un cliché plus rapproché qui peut donner une idée de cette peinture par usage de la géométrie dont je parle. Du reste, si l’on observe la façon dont les corps des révoltés s’agencent dans la composition apparaîtra à l’oeil averti une géométrie toute originale… Chaque corps lui-même étant composés de triangle et de demi-cercle…

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Le risque de guerre de religion :

Hier, lors du rassemblement de la jeunesse chrétienne en Pologne, le Pape François, en réaction au lâche assassinat du prêtre Jacques Hamel, égorgé froidement dans son église pendant son office mardi dernier, dénonçait la guerre dans laquelle le monde est plongé, en ayant soin de préciser qu’il ne s’agit pas d’une guerre de religion ; mais d’un conflit planétaire fragmenté, motivé principalement par l’accaparement des ressources et la domination des peuples.

Comment omettre, cependant, la dimension idéologique et théologique d’une guerre menée par un mouvement musulman nihiliste et millénariste qui frappe sciemment de par le monde ceux qu’il désigne comme « mécréants », exterminant indistinctement : athées, juifs, chrétiens comme musulmans ?

L’Etat Islamique agit peut-être comme une secte guerrière et terroriste, cette violence qu’il déploie semble tirer ses racines directement à la source d’un Islam, depuis la mort de Mahomet, qui s’est imposé par la force des armes : ses guerres de conquêtes territoriales étant indissociables de son prosélytisme religieux. D’ailleurs : dans un monde dominé par la chrétienté, elle-même non exempte des crimes religieux qui ont, depuis le IIIème siècle après J-C, jalonnés son accès au statut de religion d’état.

Ce prosélytisme guerrier et meurtrier est-il la face cachée et bien réelle de toutes religions ?  Comme si le seul moteur secret de la religion ne pouvait être que la guerre ? Ou bien, peut-on croire qu’un autre courant de l’Islam plus vertueux, pacifiste et tolérant serait capable de supplanter cet islam politique mondial qui gangrène jusqu’à la folie du meurtre l’esprit des jeunes génération ?

Religion et pouvoir :

Une première piste de recherche se dévoile au fil de l’histoire de l’évolution du pouvoir ecclésiastique chrétien.

La religion chrétienne a cessé d’être l’organe spirituel inquisiteur des vies de chacun, régisseur des mœurs, de la bienséance, immisçant dans l’esprit des populations européennes le joug de son despotisme religieux , fondé sur le partage du pouvoir temporel et spirituel entre les rois et les papes successifs, du IIIème siècle jusqu’au XIXème siècle, à partir du moment où les peuples se sont révoltés, après que les penseurs aient insufflé l’esprit de l’Humanisme, tandis que les Etats-nations naissant réduisaient les possessions territoriales de l’institution chrétienne à la part congrue du Vatican .

Car, dès lors que la séparation de l’église et de l’état s’est imposée en Europe, il s’est agit pour le clergé de conquérir des territoires spirituels, lorsque l’horizontalité de sa domination sur les territoires était caduque. Or, force est de constater qu’une religion n’agit pas pareillement selon qu’elle administre des terres et prélève l’impôt, ou lorsque son horizon dématérialisée lui impose de croître dans la verticalité des valeurs et des idées… Car seulement ainsi, la religion peut revendiquer un chemin spirituel offert à tous, par delà toutes revendications matérielles, politiques ou juridiques.

L’histoire de l’humanité et des civilisations est parlante : aucune religion, en se mêlant aux querelles de pouvoir, n’échappe à la tyrannie des instincts individuels ! Là où le culte est imposé de force, le statut privilégier d’une position neutre et apolitique des institutions religieuses, seul capable de répondre par la transcendance aux problèmes de la cité, est impossible.

Aussi peut-on dire de l’Islam qu’il envenime les cités qu’il contrôle plus qu’il n’ en apaise les maux, dès lors que les valeurs religieuses défendues sont dévalorisées par ces hommes qui tirent profit de leur statut religieux et ont tout intérêt à maintenir les foules croyantes dans l’ignorance et la peur , à seule fin de consolider leur pouvoir et leur emprise sur les fidèles. Il est à croire, même, que l’Islam pourrait être délaissé par les prochaines générations , si il ne suit pas l’exemple chrétien d’un culte sécularisé et d’institutions apolitiques… .

Il suffirait pour cela qu’émerge en Occident ou ailleurs une pensée refondatrice de l’Humanisme ayant fait table rase du colonialisme et de l’individualisme; pensée non dupe de l’impasse mentale et économique où nous aura conduit la mondialisation de l’économie dérégulée de la finance, laquelle aura accéléré les replis communautaires de toutes natures en érodant l’oeuvre sociale de nos Etats-nations vieillissant .

Car à cette seule condition pourrait être comblé le vide conceptuel consécutif de la fin des grandes utopies. La mort du communisme et la désillusion qu’engendre le capitalisme ont, sur leur tombe, laissé germer les racines violentes d’un islamisme protéiforme dont la monstruosité montre qu’il ne suffira pas à satisfaire la pensée contemporaine et future .

 

 Vers une réforme incontournable …. :

 

Pour l’heure, l’Islam se satisfait d’autant de l’impasse spirituelle, morale et économique de l’Occident que le sentiment religieux peut prospérer dans le malheur, la misère et la guerre. C’est pourtant une erreur des musulmans que de croire que le rejet  ou la critique de l’Occident suffiront seuls à assurer la perpétuation de l’Islam dans le XXIème siècle qui s’annonce. Car jusqu’à présent, la critique de la modernité, la peur d’assister à l’émancipation des femmes dans la cellule familiale, n’auront conforté que les mouvements les plus rétrogrades et potentiellement violents de l’Islam .

En Belgique, la liberté de financer et d’organiser le culte religieux par l’ Arabie Saoudite, en échange d’accords pétroliers, a conduit à l’expansion de la pensée wahhabite rigoriste et du salafisme rétrograde parmi la communauté musulmane. En réalité les pétro-dollars ont rendu cette expansion planétaire. Mais depuis les années 80, les communautés musulmanes se voient de plus en plus influencées par ces courants minoritaires parents du Wahhabisme et du Salafisme, au premier rang desquels le salafisme radical emprunt d’un islam politique mondial, révolutionnaire, violent et rétrograde, prônant le djihad, le meurtre des mécréants, l’imposition d’une charia mondiale et d’un Califat, signes de l’avènement de la fin des temps .

En france, comment la communauté musulmane peut-elle croire que ses enfants ne continueront pas à perpétrer des assassinats religieux qui stupéfient tous les français, si dans les mosquées continuent à sévir des prêches tendancieux ?

Un article du Parisien relate qu’un homme qui n’a pas désiré divulguer son nom, se disant musulman pratiquant, aurait déclaré, sous couvert d’anonymat ( ce qui dénote combien la peur des représailles est grande dans la communauté musulmane ) , qu’à la mosquée « yahia » de Saint Etienne-de-Rouvray, la ville où a eu lieu l’assassinat du prêtre Jacques Hamel, « des prédicateurs venus du Havre, de Montpellier … venaient régulièrement parler du Prophète aux fidèles »… sous-entendu : inciter les fidèles à agir comme le Prophète a pu agir contre les mécréants.

Si cela est avéré, cette situation révèle une dérive inquiétante de l’Islam en France, dont des prédicateurs radicaux, mobiles, et disposant de financements inconnus, sillonnent les routes pour ensemencer les jeunes esprits de valeurs contraires à la République. Pour ne pas à avoir à utiliser en public des mots comme « djihad », « charia », ils emploient des concepts parents qui ont le même sens et ne sont entendus que par les initiés… Dans de tels cas, le discours religieux participe à provoquer le « déclic » chez le fidèle , qui l’incitera à franchir un palier supplémentaire vers la dérive sectaire , voir l’engagement armé.

Cela n’est pas le cas de toutes les mosquées, mais Dalil Boubakeur, le recteur de la grande mosquée de Paris, a raison de le rappeler : l’Islam, bel et bien, doit être réformé et de nouvelles pratiques dans l’Islam de France peuvent servir de lumière pour l’ensemble des croyants du monde !

Comment, en effet, ne pas comprendre que toutes positions réfractaires à l’émancipation des femmes, tous prêches, par exemple sur l’interdiction d’écouter de la musique décadente, ou tous désirs religieux des imams de réglementer les mœurs des fidèles en portant des jugements négatifs sur les libertés individuelles dont jouissent les citoyens de France, sont autant de mauvais signes adressés au croyant ; empêchant le libre épanouissement de sa citoyenneté démocratique; participant à son repli communautaire, et à l’enferment moral du croyant dans un carcan de concepts étrangers à son ascension spirituelle finalement ? Mais surtout ces discours d’un islam suranné font le terreau de discours beaucoup plus radicaux vers lesquels ils tendent des passerelles dangereuses .

 

Quelle attitude de pensée adopter ? :

 

C’est en engageant un vaste mouvement de réflexion et de concertation au sein de la communauté musulmane que l’Islam de France doit réussir à rompre en lui les liens archaïques qui l’enchaînent à la pensée rétrograde de l’islam radical .

Tous les sujets doivent être débattus selon une approche renouvelée :  le rôle crucial des femmes , l’attitude des hommes croyant envers les femmes ; la relation avec autrui : croyant ou non, arabe ou non ; la liberté et le respect du culte et de la différence d’autrui ; la place et l’influence des autres religions dans l’histoire de l’Islam, afin que chacun prenne conscience qu’aucunes tensions religieuse n’est immuable ; le respect des chrétiens appréhendé par le respect commun attribué à Jésus ; le respect des israélites appréhendé par le respect des prophètes de la Bible hébraïque, auquel enjoint Mahomet ; le rôle et les visées de l’éducation musulmane , car lorsque les enfants d’une religion assassinent les membres des autres religions, les représentants de cette religion doivent nécessairement remettre en question le sectarisme de leur enseignement, et la formulation des concepts théologiques conduisant à l’intolérance religieuse, dont la dérive meurtrière de ses fidèles les plus jeunes est la conséquence majeure. Car plus que jamais : un Istihad mondial est à promouvoir !!

Cette réflexion et cet effort intellectuel  : l’introspection objective des valeurs individuelles et collectives que doit défendre l’Islam moderne pour appréhender la complexité du monde contemporain, notamment cette impossibilité, qui devrait être la norme, à porter un jugement définitif, global et univoque sur l’Occident et les anciens colonisateurs, sans considérer que tous les Hommes sont menacés par cette guerre des ressources et de domination des peuples dont est victime le monde : cet Istihad doit être imminent !

En l’absence manifeste de cette prise de conscience collective de la communauté musulmane, il est à craindre que la toute récente déclaration du « front de libération de la nation corse » ( le FLNC), promettant la violence contre la violence, ne fasse des émules. Et soit les prémices d’une désastreuse, tragique et terrible guerre entre communauté, comme celles que la France a connu, au temps de la  » Saint Barthélémy « , entre catholiques et protestants… .

Ce nouvel attentat contre une cible hautement symbolique – après celui de Nice, contre le symbole de la lutte pour les droits de l’homme et l’égalité entre citoyen : le 14 juillet – l’égorgement du représentant d’un culte chrétien, en pleine prière dans son église, vient-il, ce mardi 26 juillet, de sceller le sort du prochain vote des français à l’élection présidentielle ? Le vote des catholiques se reportera-t-il ostensiblement sur la droite et l’extrême droite en particulier ? La chose n’est pas certaine , mais de plus en plus probable , malheureusement… .

                                 PATRICK RAKOTOASITERA